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originaux n’en laisseront point tant que cet imitateur par excellence, on pourrait presque dire par divination, qui s’appelait Carafa, et qui fut en quelque sorte rossiniste avant Rossini.


F. DE LAGENEVAIS.



LES FEMMES A L’UNIVERSITE DE ZURICH.


Au siècle dernier, il y eut à Quedlimbourg un médecin, praticien fort estimé, qui s’appelait Mme Dorothée-Christiane Erxleben. C’était la femme du doyen de Saint- Nicolas ; elle avait obtenu le diplôme de docteur en 1754. Dans un écrit qui fit sensation en son temps, elle examine les causes qui empêchent son sexe de se livrer aux études sérieuses, et elle s’efforce de démontrer qu’il pourrait et qu’il devrait en être autrement. On dirait que son vœu est près de se réaliser, si on considère ce qui se passe depuis quelques années à l’université de Zurich. Avant 1864, deux dames de cette ville avaient déjà été autorisées à suivre les cours de la faculté de philosophie à titre de simples auditeurs, c’est-à-dire sans prendre une inscription régulière. Dans le courant de l’année 1864, une jeune Russe, Mlle K…, sollicita du recteur de l’université la permission d’assister aux cours d’anatomie et de microscopie. Les autorités compétentes n’ayant fait aucune objection, la permission fut accordée simplement, et six mois plus tard une autre jeune Russe, Mlle S…, vint se faire inscrire à la faculté de médecine.

Le sénat de l’université de Zurich pensa dès lors qu’il était temps de régulariser la situation des étudiantes et de décider si à l’avenir l’admission des femmes à tous les cours des diverses facultés serait considérée comme un droit formel ou seulement comme une faveur spéciale, subordonnée à l’agrément des professeurs. Dans le premier cas, il allait de soi que les élèves du sexe féminin pourraient se présenter aux examens et obtenir le diplôme de docteur. C’est au mois de mai 1865 qu’eurent lieu les délibérations sur ce sujet délicat. La discussion fut assez vive, et il se trouva que les adversaires de l’admission des femmes à l’inscription régulière étaient à peu près aussi nombreux que les partisans de l’innovation projetée. On convint de ne rien préjuger encore, d’attendre les résultats d’une expérience plus longue et plus complète. Après tout rien ne prouvait que les deux jeunes femmes qui avaient été provisoirement. admises aux cours iraient jusqu’au bout de leurs études, ni que leur exemple serait beaucoup suivi. La première des deux disparut en effet avant la fin de 1867 ; mais Mlle S…, qui était déjà venue à Zurich avec un fonds de connaissances très solides, montra un zèle et une persévérance qui lui conquirent l’estime de ses professeurs, et se vit au mois de féviier 1867 assez avancée dans ses études pour affronter les épreuves du doctorat. Pour aspirer au diplôme de docteur, il faut