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dans l’organisme sain ; c’est le seul moyen de comprendre ensuite ceux qui caractérisent les maladies. L’électrothérapie constitue un ensemble de procédés qui doivent être rangés parmi les plus efficaces de la médecine, à la condition qu’ils soient mis en œuvre par un praticien versé dans la théorie de son art. En effet, le savoir physiologique le plus éprouvé est indispensable au médecin pour tirer un parti avantageux du courant électrique. L’empirisme même le mieux avisé est ici condamné à une impuissance fatale, — il n’est pas inutile de le rappeler à ceux qui imputent à la méthode elle-même les échecs où elle aboutit entre des mains inhabiles. Il est vrai que, depuis l’époque de Galvani et de Volta, les médecins ont appliqué l’électricité de la pile au traitement d’un grand nombre de maladies. Au commencement de ce siècle, la galvanothérapie fit beaucoup de bruit. On pensa tenir la panacée universelle. Des sociétés galvaniques, des journaux et des livres spéciaux entreprirent d’en répandre le bienfait. Cette vogue dura un certain temps, et allait, peut-être faire place à l’indifférence, quand la découverte de l’électricité d’induction, due à Faraday (1832), vint rappeler l’attention des médecins sur les vertus du fluide électrique et provoquer une nouvelle et intéressante série d’expériences. Il est probable cependant que les deux systèmes électrothérapiques, une fois évanouies les incroyables illusions de la première heure, eussent fini par tomber en désuétude, s’ils n’étaient sortis des ornières de l’empirisme. L’empirisme, qui, avec son audace habituelle, avait su leur faire tout d’abord une si grande place, n’était pas en mesure de la leur conserver. C’est la physiologie expérimentale qui, en analysant avec précision le mécanisme des effets du fluide sur les ressorts organiques, donna aux applications thérapeutiques la sûreté, la certitude et la solidité qu’elles ont aujourd’hui. L’art aveugle a été, ici comme partout, l’origine des recherches scientifiques, et celles-ci à leur tour éclairent l’art et le perfectionnent constamment.

Chose singulière, la fortune des courans d’induction a été beaucoup plus heureuse que celle des courans de la pile. Ces derniers, dont l’emploi avait inauguré l’électrothérapie, n’ont pris une véritable importance en physiologie et en médecine que dans ces dernières années et alors que le crédit des courans d’induction était déjà solide, grâce surtout aux efforts de M. Duchenne (de Boulogne). C’est un physiologiste et anatomiste allemand, M. Remak, mort il y a six ans, qui le premier a insisté sur les remarquables vertus thérapeutiques du courant voltaïque. Remak, après avoir consacré vingt années à l’étude des questions les plus difficiles de l’embryogénie et de l’histologie, avait entrepris dès 1854 de rechercher et d’établir méthodiquement l’action des courans constans sur