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deux. La science contemporaine prouve qu’il y a une électricité propre aux animaux, comme le voulait Galvani. Elle constate aussi que l’électricité produite par des causes extérieures a une influence sur les animaux, comme l’enseignait Volta. De la connaissance approfondie des deux ordres de phénomènes, elle déduit un ensemble de procédés pour la guérison par l’électricité d’un grand nombre de maladies. Montrer les rapports de l’électricité avec la vie revient par suite à considérer d’abord l’électricité qui existe naturellement chez les animaux au même titre que la chaleur, puis à faire connaître l’action de ce fluide sur l’organisme, soit dans l’état de santé, soit à l’état morbide. Un tel exposé complétera ce qui a été écrit dans la Revue concernant les relations de la vie avec la lumière et avec la chaleur, relations qu’il est permis dès aujourd’hui de considérer comme formant les linéamens d’une science nouvelle[1].


I

Les témoins les plus authentiques de l’existence de l’électricité animale sont des poissons. La torpille, le mormyre, le silure, le malaptérure, la gymnote et la raie développent spontanément une quantité plus ou moins considérable d’électricité. Ce fluide, dont la production est soumise à la volonté de l’animal, est identique à celui des machines électriques ordinaires ; il donne les mêmes secousses et les mêmes étincelles lorsqu’il est à une certaine tension. L’appareil où il se forme consiste en une série de petits disques d’une substance spéciale, séparés les uns des autres par des cloisons de tissu lamineux. De fines terminaisons nerveuses se distribuent à la surface de ces disques, et le tout représente une sorte de pile membraneuse, située d’ordinaire dans la région de la tête, quelquefois vers la queue.

Ces poissons sont les seuls animaux pourvus d’un appareil spécialement affecté à la production de l’électricité ; mais tous les animaux sont électriques, en ce sens qu’il se forme constamment à l’intérieur de leurs organes une certaine quantité de fluide. L’existence d’une électricité propre aux muscles et aux nerfs, et indépendante de leurs activités caractéristiques, a été établie par de nombreuses expériences, surtout par celles de Nobili, de Matteucci et de M. Dubois-Reymond. Pour constater l’existence des courans d’électricité nerveuse, il suffit de préparer un muscle de grenouille et de le toucher en deux points différens avec les deux extrémités d’un filament nerveux du même animal. Le muscle entre alors en

  1. Voyez la Revue du 15 août 1870 et du 15 janvier 1872.