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PARIS
ET LA SOCIETE FRANCAISE DE 1765 A 1775
D’APRES LA CORRESPONDANCE DE HORACE WALPOLE

Lettres de Horace Walpole, écrites à ses amis pendant ses voyages en France, traduites et précédées d’une introduction par le comte de Baillon ; 1872.

Il y a quelques semaines, quand ce livre a paru, nous l’avons accueilli d’abord avec une attention distraite et feuilleté d’une main négligente. « Eh quoi ! encore le XVIIIe siècle, ces éternels salons tant de fois décrits, ces élégans commérages tant de fois racontés, ces vieux décors, ces personnages démodés, tout ce monde de brillans fantoches qui passe et repasse devant nos yeux dans ces innombrables mémoires publiés ou inédits, exploités par tant de plumes habiles, scrutés dans leurs derniers détails, et, pour couronner le tout, l’éternelle histoire de Mme Du Deffand et de cet Hippolyte britannique fuyant jusqu’à Londres sa Phèdre aveugle et sexagénaire ! » — Nous avions présent à l’esprit le jugement quelque peu dédaigneux d’un écrivain avec lequel il est périlleux de se trouver en désaccord. « Les lettres de Walpole, écrites de Paris, ne sont pas les meilleures, nous avait-on dit. Il y a du parti-pris dans certains jugemens. Walpole est sévère dans l’ensemble, quoiqu’il loue beaucoup dans le détail… On voudrait qu’il jugeât la France avec plus d’esprit, c’est-à-dire qu’il pénétrât plus avant dans le secret de cette société singulière, qui fut pendant un siècle le spectacle du monde, et qui lui préparait un autre siècle d’étonnement. » Voilà ce qu’écrivait ici même M. Charles de Rémusat