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contrée qui a été parcourue par les Européens à une époque récente ; c’est un ensemble de faits digne de toute notre attention.

Dès le temps où il devint possible de visiter une portion de l’intérieur de Madagascar, plusieurs voyageurs un peu familiarisés avec la science ont indiqué les grands traits géologiques de l’île africaine. Ils ont constaté d’une manière générale la présence des formations primitives, les granits et les blocs de quartz. L’argile a été observée sur de vastes espaces, dans le pays des Betsileos, situé au sud de la province d’Imerina ; on a découvert des ardoises excellentes pour faire des toitures. Le silex, la calcédoine, le calcaire renfermant de beaux échantillons de marbre, ont été vus dans diverses régions. Sur des étendues considérables dominent les roches d’origine volcanique ; en beaucoup d’endroits, le sol est formé d’une terre ferrugineuse et de la désagrégation des laves ainsi que de dépôts d’alluvion. Certains échantillons évidemment de formation carbonifère ont montré la probabilité de l’existence de la houille dans quelques parties de l’île. Sous le rapport de l’abondance du fer, le pays des Ovas n’est pas moins bien partagé que les districts voisins de la côte ; à l’ouest de la capitale, le minerai se montre à la surface du sol, seulement on a peine à l’utiliser, le combustible fait défaut. Les pyrites, très communes, fournissent une ressource inépuisable pour se procurer le soufre ; le nitre n’est pas rare sur les berges de plusieurs lacs où il offre à la vue l’apparence de la gelée blanche ou du grésil. De l’oxyde de manganèse avait été trouvé à 80 kilomètres environ au sud-ouest de Tananarive. Cette sorte de plombagine propre à vernisser les vases de terre, signalée par Flacourt, avait été remarquée dans le centre de l’île, ainsi que plusieurs sortes d’ocre employées par les Malgaches pour colorer en jaune les murs extérieurs des maisons.

Lorsque nous avons écouté les voyageurs qui avaient exploré la côte orientale de la Grande-Terre, nous n’avons entendu parler que de pays fertiles, que de végétation magnifique, que de produits délicieux rendant à l’homme la vie facile. Si maintenant nous prêtons l’oreille aux récits des membres de la mission anglaise établie à Tananarive et surtout de M. James Cameron, qui ont parcouru le centre de l’île, un tout autre tableau nous sera présenté. La côte de l’est, on le sait, est basse, presque unie, à l’exception de la partie méridionale, la province d’Anossi. En beaucoup d’endroits, les montagnes s’élèvent brusquement à la distance de 50 ou 60 kilomètres du rivage ; alors ce ne sont plus que montagnes et collines de hauteurs infiniment variées, prenant toutes les directions jusqu’au moment où l’on découvrira un plateau. En effet, d’immenses plaines existent dans quelques régions, — tristes solitudes où le