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en propre, et nul ne peut occuper plus d’une année le même terrain pour le mettre en valeur. Ils consomment peu de blé ; ils vivent principalement du laitage et de la chair de leurs troupeaux, et s’adonnent à la chasse. » Ce sont les traits habituels qui caractérisent la condition économique des tribus germaniques. La chasse et l’élève des troupeaux fournissent la plus grande part des subsistances ; l’agriculture ne vient qu’en troisième lieu. Le sol n’est cultivé que pendant une année ; la propriété foncière est inconnue et la terre arable est répartie entre les habitans pour une jouissance temporaire. Ce qui paraît particulier aux Gètes et aux Suèves, ce qui fait supposer que les produits du sol étaient d’abord récoltés en commun pour être partagés ensuite, c’est que la moitié des habitans travaille alternativement pour l’autre moitié. La communauté est donc ici plus intime que chez les autres peuplades germaniques, et elle appartient à un régime plus primitif, qui ne se retrouve plus que dans les forêts les plus sauvages de la Russie et dans les cantons les plus reculés de la Bosnie. Aristote semble avoir eu connaissance des deux formes de communauté, a Ainsi, dit-il au livre II, chap. III, de la Politique, les champs seraient propriétés particulières, — ceci est mal observé, — et les récoltes appartiendraient à tous. Cet usage existe chez quelques nations. Le sol pourrait être commun, mais les récoltes seraient réparties entre tous comme propriétés individuelles. On trouve cette espèce de communauté parmi quelques peuples barbares. » En effet, Diodore de Sicile rapporte que les Vaccéens, tribu celtibère, « se partagent tous les ans la terre pour la cultiver, et, ayant mis en commun les récoltes, ils donnent à chacun sa part. Ils ont établi la peine de mort contre les agriculteurs qui enfreignent ces dispositions. » — « Dans l’île de Panchaia, dit encore Diodore, située près des côtes de l’Arabie Heureuse, les agriculteurs mettent en commun les fruits des terres qu’ils cultivent, et celui qui est jugé avoir cultivé le mieux reçoit une part plus