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sont dits fils ou envoyés d’Apollon. Trophonius a construit le temple de Delphes, et en échange de ce service il a reçu du dieu le privilège de rendre des oracles. Il n’est pas étonnant non plus que la construction des temples ait pris pour règle la loi de l’harmonie dorienne, et que les dispositions architecturales en aient été ensuite modifiées suivant les exigences nouvelles du culte dorien. Ainsi en a-t-il été dans toute la Grèce primitive jusqu’à l’essor de la civilisation ionienne, mais particulièrement à Sparte, dans la Grande-Grèce et en Sicile, où aujourd’hui encore nous pouvons contempler, à Paestum, à Ségeste, à Sélinonte, les ruines majestueuses d’un art qui fut d’une incomparable majesté. Ce monde dorien a rencontré dans M. Hittorff un observateur consciencieux et charmé. C’est pour avoir su s’élever à cette source pure qu’il est devenu lui-même un architecte habile et célèbre. Des hauteurs de l’art hellénique, il lui a été facile de passer au domaine, intéressant encore, de l’art romain, aux splendeurs de la renaissance, aux transformations inévitables de l’art tout moderne. Archéologue et éclectique, il a conservé le vivant souvenir et l’active inspiration des principales beautés de chaque époque, dont il emprunte ingénieusement les divers reflets, soit que, dans son église de Saint-Vincent-de-Paul, il rappelle les rampes de la Trinité-des-Monts, la basilique byzantine de Montréal et même la frise du Parthénon, soit qu’il reproduise dans ses deux cirques, celui des Champs-Elysées et celui du boulevard, les dispositions des anciens amphithéâtres ou dans ses travaux de la place de la Concorde celles des hippodromes de la Grèce et de Rome.



Russland am 1ten januar 1871, von einem Russen (la Russie au 1er janvier 1871, par un Russa) ; Leipzig, Duncker et Humblot.


On a rarement écrit sur le développement social et économique de la Russie depuis l’émancipation des paysans un livre plus rempli de faits et de chiffres instructifs que la publication allemande dont nous venons de transcrire le titre. Assurément il y a des précautions à prendre relativement aux appréciations de l’auteur, excellent Russe sans doute et tout à fait incapable de manquer à ses devoirs d’orthodoxie politique, mais qui n’en laisse pas moins deviner bien facilement, surtout dans la dernière partie de sa substantielle publication, que c’est en réalité une plume allemande qui exprime ici, comme partout, des idées allemandes sans peut-être que celui qui la tient se rende bien compte à lui-même de cette sorte de contradiction perpétuelle entre sa loyauté de sujet et les instincts de son éducation. Peu importe au reste la main qui nous offre cet utile présent ; l’essentiel pour nous, c’est que, grâce à cette étude, tout Français sachant un peu d’allemand peut jeter un coup d’œil d’ensemble sur ce vaste et lointain mystère qui s’appelle la Russie.

Le grand événement de ces dernières années pour l’empire russe,