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et quelquefois un imbroglio plein de surprises. Toutes les arrière-pensées se donnent rendez-vous dans ce débat, tous les projets se heurtent, les systèmes se culbutent les uns les autres, et on finit par tomber dans une confusion qui serait comique, s’il ne s’agissait pas de choses si sérieuses.

Cette question n’est point née d’hier malheureusement ; elle a une origine qui pèse sur elle et qui n’en rend pas la solution des plus faciles. Elle est apparue au 19 janvier de cette année, le jour où un dissentiment si vif éclatait entre M. Thiers et l’assemblée au sujet de l’impôt sur les matières premières, que M. le président de la république défendait de toute l’énergie de sa conviction, que la majorité de la chambre refusait de voter. L’impôt sur les matières premières n’était point, il est vrai, absolument et irrévocablement repoussé, on le mettait en réserve comme une ressource extrême dont on pourrait se servir, si on ne trouvait pas mieux, et il était entendu qu’on devait immédiatement se mettre à la recherche d’une contribution d’une autre nature, moins onéreuse pour le travail national, pour l’industrie, plus compatible avec les principes de liberté commerciale. On a cherché en effet ; entre le gouvernement et la commission parlementaire, il y a eu des négociations qui ne pouvaient conduire à un résultat bien décisif, puisque le gouvernement se bornait le plus souvent à défendre son impôt de prédilection, en critiquant le plus spirituellement du monde tout ce qu’on lui présentait. On a fini cependant par trouver ; on a mis en avant des impôts sur les revenus, sur les valeurs mobilières, sur les créances hypothécaires ; on a proposé un impôt sur les transactions, sur le chiffre des affaires ou des ventes, que le rapporteur de la commission, M. Desseilligny, a soutenu jusqu’au bout avec un remarquable talent. On a proposé bien d’autres choses, une contribution sur les produits fabriqués, une augmentation sur les patentes. Seulement toutes ces propositions, qui n’avaient point une valeur égale, se sont produites avec une certaine incohérence ; elles ont eu de plus un malheur, elles ont rencontré à la lumière de la discussion publique, comme dans le demi-jour des commissions parlementaires, l’opposition la plus vive du gouvernement, de M. le président de la république, qui s’est porté à ce nouveau combat avec l’ardeur la plus entraînante, avec la plus prodigieuse fécondité de parole. Il en est résulté que l’hésitation s’est mise partout, on n’a plus su à quoi s’en tenir et où l’on allait à travers ce tourbillon de discours, d’assertions contraires.

Qu’est-il arrivé ? L’impôt sur le chiffre des affaires a commencé par rester sur le carreau ; des taxes proposées sur les revenus, on n’a pris que quelques parties ; de l’amendement qui proposait des centimes additionnels sur les patentes, sur les portes et fenêtres, sur la contribution mobilière, on n’a voté que le premier article en repoussant le reste. C’est une confusion complète, et en fin de compte, comme avec ce qu’on a