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L’ÎLE
DE MADAGASCAR


LES TENTATIVES DE COLONISATION. — LA NATURE DU PAYS.
— UN RÉCENT VOYAGE SCIENTIFIQUE.

PREMIÈRE PARTIE.

Entre toutes les terres lointaines, Madagascar compte parmi les pays dont on s’est occupé en France avec une sorte de prédilection. Depuis déjà beaucoup plus de deux siècles, chacun entend affirmer que Madagascar est une possession française ; une telle assurance a éveillé l’attention et flatté l’orgueil national. La grande île africaine a du reste chaque jour davantage attiré les regards par suite de circonstances exceptionnelles. La position géographique étant jugée fort importante pour les navigateurs, et les ressources du sol vantées pour le commerce et la colonisation, l’espoir d’un accroissement d’influence politique ou d’une acquisition de richesses est devenu le mobile d’une foule d’entreprises. Les événemens tragiques qui se sont succédé causant en Europe une vive émotion, les écrits se sont multipliés. La présence de populations d’origines très diverses, rapprochées ou mêlées sur un même point du globe, se trouvant reconnue, un nouvel élément a été fourni pour exciter l’intérêt qui s’attache à l’histoire de l’humanité. Des aspects étranges ou magnifiques de la végétation ayant été signalés, les esprits enclins à subir le charme des beautés de la nature ont suivi avec curiosité les narrations des voyageurs. Les plantes et les animaux du