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républicains aux fédérés, et où l’on met sur le dos de la république les crimes de la commune. Nous avons remarqué dans ce récit le nom d’un personnage que l’auteur représente comme occupant un rang élevé chez les insurgés, et que nous n’avons vu jusqu’ici figurer dans aucune histoire de la commune, « Satan, général des fédérés, » et c’est après un discours de ce « général » qu’on procède à l’assassinat des otages et à l’incendie de la ville. La conclusion était un avis aux électeurs :


« Ce n’est pas assez que les méchans, les fédérés, les républicains, aient été vaincus, il faut que les gens honnêtes, les gens d’ordre, s’unissent et s’entendent contre les républicains, de peur que ceux-ci ne viennent à lever de nouveau la tête. Il nous faut maintenant parler hautement; soyons des gens d’ordre, de foi et de religion.

« Ouvrons nos yeux, le jour des élections approche. Choisissons nos gens, nos vrais amis. Laissons de côté les gens douteux.

« Trois fois on a fait l’essai de la république: la première fois avec Robespierre, la seconde fois avec Ledru-Rollin, et cette dernière fois avec Félix Pyat et consorts. En voilà assez, et même trop. Dieu nous garde désormais de la quatrième république! »


Le parti républicain descendit enfin dans l’arène avec une brochure : Aux gens de la campagne[1], tirée à 12,000 exemplaires, et répandue gratuitement dans les campagnes. On sait qu’au 2 juillet dernier le Finistère nomma les républicains libéraux à une écrasante majorité, qui était le démenti éclatant des élections précipitées du 8 février. La petite brochure bleue devait avoir eu sa part d’influence dans ce succès, car, pour en détruire l’impression dans l’esprit du paysan, trois brochures légitimistes ont déjà paru en réponse. L’une est intitulée Réponse à la lettre des républicains[2] ; une autre : Bons avis d’un Breton aux électeurs de la campagne[3], la troisième, qui est presque un petit volume, porte pour titre : Que faire[4]? Les connaisseurs de breton en font grand cas comme langue ; mais nous regrettons d’y trouver la flamme de cette passion qui animait les prédicateurs de la ligue au XVIe siècle[5]. Ce

  1. Dan dud divar ar meas, 16 pages in-8o; Brest, Gadreau.
  2. Respount d’a lizer ar republicanet, 16 pages in-12; Quimper, Kérangal.
  3. Aliou mad eur Bretoun d’ann Eleklourien divar ar meaz, 36 p. in-12; Brest, Lefournier.
  4. Petra da ober, 48 p. in-12; Quimper, Kérangal.
  5. Cette brochure est signée Mikeal ar Balch, labourer douar, « Michel Le Balc’h, cultivateur, » peut-être pour inspirer plus de confiance aux paysans en paraissant venir d’un des leurs; mais l’auteur n’est pas un cultivateur, c’est un ecclésiastique des environs de Plouguernau.