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de la guerre. Dans l’Illinois, la petite ville de Bloomington, en rivalité avec celle de Peoria, offre des terrains et des subsides équivalant à 900,000 francs pour obtenir le magnifique établissement normal que l’état y fonde, et qui coûte 1,250,000 francs. Les jeunes états, malgré l’exiguïté de leurs ressources, veulent dépasser les anciens. Ainsi le Minnesota fonde à Winona une école normale qui revient à 500,000 francs; l’Indiana en construit une à Terre-Haute qui coûte 750,000 francs. Les anciens états à esclaves se piquent aussi d’honneur, et déjà le Missouri, la Louisiane, la Virginie, la Caroline du sud, le Maryland, ont fondé des écoles pour former des instituteurs. Ce sont de beaux bâtimens qui font l’ornement des cités qui les possèdent. Ces écoles ne contiennent cependant que des classes : on n’y reçoit point en général d’interne comme en Europe. Les élèves se logent en ville, et leur entretien leur coûte ordinairement assez cher, de 15 à 20 francs par semaine. Les normalistes ne sont pas pauvres comme en Europe; ils appartiennent généralement à des familles aisées. Les mêmes cours sont suivis par les élèves des deux sexes, mais les jeunes filles sont en majorité. Il n’est pas rare de trouver une femme à la tête d’un établissement que fréquentent des jeunes gens de vingt ans. Les études durent en général deux ans, et sont partagées en quatre termes. Les branches enseignées sont dans le Massachusetts, qui peut servir de type : arithmétique, géométrie, chimie, grammaire, algèbre, géographie, histoire générale, physiologie et hygiène, botanique et zoologie, tenue des livres, rhétorique, littérature anglaise, minéralogie, géologie, astronomie, méthodes d’instruction, lois scolaires de l’état, droit politique de l’état et de l’Union, gymnastique, musique. Le latin, le grec, le français, l’économie politique, sont des cours facultatifs. En Europe, nous serions épouvantés rien qu’à la lecture d’un semblable programme, qui en effet ne serait pas encore à sa place chez nous; en Amérique, les élèves ont déjà vu la plupart de ces branches dans les écoles primaires et supérieures, où le niveau de l’instruction est beaucoup plus élevé qu’en Europe. Ils ont l’esprit plus vif et plus ouvert, ils apportent plus d’ardeur au travail. D’autre part, il ne s’agit pas d’approfondir les sciences énumérées au programme; il suffit d’en savoir ce qui est utile pour la pratique ou pour donner des idées justes sur les objets qui nous entourent. Ainsi, pour la minéralogie et la géologie, on ne fait pas apprendre par cœur les formules de la composition des corps; on fait seulement connaître par des échantillons les roches principales, celles surtout qu’on trouve dans le pays, on en indique les propriétés, les usages, l’origine; on explique la formation du globe, la superposition des couches, les phénomènes