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nôtres est dans l’Inde, berceau primitif du genre humain appelé paradis dans le langage des religions[1]. Parties de là, les migrations de l’espèce humaine se sont étendues dans la Polynésie[2], l’Afrique méridionale, l’Asie et l’Europe. Une autre branche a peuplé le nord de l’Asie et de l’Europe, et a passé par le détroit de Behring dans l’Amérique, qu’elle a parcourue du nord au sud dans toute sa longueur. Les recherches philologiques des deux savans que j’ai nommés viennent à l’appui des résultats purement anthro-politiques des naturalistes. Le type de l’homme le plus parfait, suivant Haeckel, est l’homme méditerranéen, dont la supériorité s’est affirmée de bonne heure par les civilisations précoces de l’Egypte, de la Phénicie, de l’Assyrie, de la Grèce et de Rome.


III. — SUCCESSION CHRONOLOGIQUE DES ANIMAUX ET DES VÉGÉTAUX DANS LA SÉRIE DES TERRAINS GÉOLOGIQUES.

Nous avons vu que l’histoire naturelle moderne reposait sur la double base de l’anatomie et de la morphologie comparées, combinées avec le développement embryologique de chaque être en particulier. Il nous reste à établir que l’apparition des êtres organisés dans la série des temps géologiques corrobore les conclusions tirées de l’étude des organismes vivans. Ceci démontré, la nouvelle doctrine s’appuiera sur une triple base, et les conséquences déduites d’un ordre de faits pourront être contrôlées dans les deux autres. Ainsi nous devrons trouver et nous trouvons en effet les animaux d’une organisation très élémentaire dans les couches les plus anciennes du globe. Cependant beaucoup de ces animaux ayant un corps mou, dépourvu de toute partie solide, n’ont point laissé de traces de leur existence. Parmi les premières couches déposées par la mer sur le noyau terrestre, on compte celles qui bordent le fleuve Saint-Laurent, au Canada. M. Sterry Hunt a signalé dans ces couches les traces obscures d’un petit animal appartenant probablement à la classe des polypiers ou des bryozoaires. On l’a désigné sous le nom d’eozoon canadense. Jusqu’à présent, c’est le premier être organisé connu appartenant au règne animal qui ait apparu à la surface du globe. Dans les couches immédiatement supérieures et distinguées sous le nom de cambriennes, la faune est encore très pauvre et se compose uniquement de polypiers, avec des indications de vers marins de la classe des annélides. La vie se multiplie dans la période suivante, appelée silurienne par Murchison. Ces

  1. Albert Réville, les Ancêtres des Européens, — Revue du 1er février 1864.
  2. Voyez de Quatrefages, les Polynésiens et leurs migrations, — Revue du 1er et du 15 février 1864.