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rable s’appelait Uranius, et il était évêque d’Himères. Nous ne parlons pas du vote des Égyptiens ni de celui de Barsumas, qui opina après les évêques, on les devine assez.

Flavien et Eusèbe étaient condamnés à la déposition, préliminaire ordinaire de l’exil. Tout n’était pas fini cependant ; il fallait que, avant de se séparer, les évêques signassent l’authentique des actes, et le président faisait garder toutes les issues de l’église pour les empêcher de sortir. On attendit donc en séance que les notaires eussent contrôlé leurs notes et rédigé le procès-verbal de la séance ; mais la chose n’allait pas toute seule. La séance avait été trop troublée, remplie de trop d’incidens pour que les secrétaires eussent pu tout saisir et tout rendre dans leurs notes ; quand ils voulurent procéder à la rédaction définitive, il leur fut impossible de s’entendre. C’était un événement grave et qui pouvait faire échouer tous les efforts du président, car il ne se dissimulait pas qu’une fois hors de là beaucoup d’évêques ne revinssent pas ou même ne se rétractassent, et alors les opérations de cette laborieuse session devenaient nulles comme non confirmées par les signatures. Le président appela vers lui pour en délibérer les principaux de sa faction, et tous convinrent qu’on ne pouvait pas compter sur le lendemain, et qu’il fallait lier tous ces évêques peureux par leur souscription tandis qu’on les tenait sous la main des soldats. Or comment faire, si le procès-verbal n’était pas rédigé ? Un des membres consultés émit l’idée de le faire signer en blanc, les notaires et Dioscore se chargeant de le remplir ensuite à loisir. Ce fut le parti qu’on adopta ; mais il était tellement nouveau que beaucoup d’évêques hésitèrent à donner leur signature, se demandant quel usage l’on en ferait. Dioscore alors se mit à l’œuvre. Assisté de Juvénal et flanqué de deux individus étrangers au concile, d’inconnus à l’air menaçant, disent les actes de l’enquête qui se fit plus tard sur ces faits, il allait de banc en banc, présentant aux évêques la page où ils devaient mettre leur nom. Ceux qui faisaient quelque difficulté étaient rudoyés, et on leur criait qu’ils étaient hérétiques. Plusieurs souscrivirent en montrant du doigt les soldats comme pour attester qu’ils ne cédaient qu’à la violence ; on leur répondait en les frappant. La formule qu’on leur dictait était celle-ci : « j’ai jugé et souscrit, » puis ils signaient. Les actes contiennent cent trente signatures d’évêques ou de prêtres représentant leurs métropolitains absens. Barsumas signa parmi les prêtres. — Le désordre était tel que deux évêques souscrivirent deux fois ; deux aussi signèrent par des mains étrangères, alléguant qu’ils ne savaient pas écrire. Les Égyptiens souscrivirent les derniers, et se servirent plus tard de cette circonstance pour se justifier d’avoir forcé les autres à le faire. Etienne d’Éphèse ne fut tiré de sa sacristie qu’à la condition de si-