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parisienne, elle fut subordonnée non plus seulement au paiement régulier des premiers termes de l’indemnité, mais encore à l’appréciation des Allemands. Le traité porte : « L’évacuation des départemens de l’Oise, de Seine-et-Oise, de Seine-et-Marne et de la Seine, ainsi que celle des forts de Paris, aura lieu aussitôt que le gouvernement allemand jugera le rétablissement de l’ordre, tant en France que dans Paris, suffisant pour assurer l’exécution des engagemens contractés par la France. » La clause qui restreignait l’occupation aux six départemens de l’est après le paiement des deux premiers milliards fut d’ailleurs maintenue.

Voilà donc ce que nous devions à la commune, qui, non contente de s’insurger contre la loi nationale, fournissait à l’ennemi des armes contre nos négociateurs, motivait l’insertion dans le traité du 10 mai de cette clause hautaine dont on vient de lire le texte, et mettait ainsi le comble aux douleurs et à la ruine de la patrie ! Il faut qu’on le sache : c’est à la commune, à ses chefs, à ses complices, à ses auxiliaires béats, qui, sous le titre de conciliateurs, voulaient faire capituler le gouvernement et la loi devant les sommations de l’Hôtel de Ville, c’est à la commune et à ses hommes que la France doit l’aggravation d’une partie des clauses financières inscrites dans le traité de Francfort et la prolongation du séjour des Allemands dans les départemens de la zone parisienne.

Dès que la commune fut vaincue, le gouvernement français prit les dispositions nécessaires pour remplir les engagemens contractés envers l’Allemagne. Chacun sait avec quel empressement patriotique fut souscrit à la fin de juin l’emprunt de 2 milliards. Les sommes placées immédiatement à la disposition du trésor permirent d’acquitter le premier demi-milliard ; puis on solda le deuxième et le troisième demi-milliard, ce qui procura l’évacuation des forts de Paris et de plus de vingt départemens. Les opérations de trésorerie pour le paiement si rapide de 1 milliard 500 millions étaient très considérables et très compliquées. Par le traité de Francfort, l’Allemagne avait stipulé que les paiemens de l’indemnité seraient faits dans les principales villes d’Allemagne, en or ou argent, en billets des banques d’état d’Angleterre, de Prusse, des Pays-Bas, de Belgique, en billets à ordre ou en lettres de change négociables, valeur comptant. Les billets de la Banque de France, ayant cours forcé, étaient absolument exclus. Il fallait donc que le ministre des finances effectuât les paiemens soit en numéraire, soit en traites recueillies sur les diverses places de l’Europe et payables en Allemagne. Ajoutons, car on ne saurait trop insister sur les dommages causés par l’insurrection de la commune, que la suspension pendant deux mois du travail et du commerce parisiens et l’atteinte portée à l’ensemble