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de recherches inquisitoriales dans lesquelles on intéressait la conscience des dépositaires en même temps que la sûreté de leur personne. ou de leurs biens. L’excommunication était même prononcée contrôles simples lecteurs. L’inquisition passa des livres de Nestorius à ceux de son maître, Théodore de Mopsueste, contre lequel une première attaque avait été dirigée au concile d’Éphèse, et de qui Cyrille écrivait maintenant « qu’il était un hérésiarque et un ennemi de Dieu. » Les fanatiques commençaient à s’acharner sur ce vieillard aveugle et infirme, quand Dieu le rappela à lui et lui permit de mourir dans la paix de l’église ; mais sa mémoire restait vénérée en Orient, et on poursuivit la guerre contre elle. Il était à peine enfermé dans la tombe qu’un libelle parvint à l’empereur, signé de plusieurs évêques d’Arménie, qui était conçu en ces termes : « il a existé un homme pernicieux, ou plutôt une bête féroce avec une figure diabolique d’homme, prenant faussement le nom de Théodore (c’est-à-dire don de Dieu), qui avait l’habit et le nom d’évêque ; né à Mopsueste, ville méprisable de la seconde Cilicie, descendu principalement de Paul de Samosate, quoiqu’il ait emprunté des paroles à Photin ; il était si rusé et si hardi qu’il voulait faire périr tous les hommes par la piqûre et le venin de sa langue de serpent… » La conclusion de ce libelle insensé était qu’on lui fît son procès dans la tombe, qu’on anathématisât son nom, qu’on brûlât ses livres. En même temps que le libelle des Arméniens, on en vit apparaître un autre qui demandait la même condamnation posthume contre le nom et les écrits de Diodore de Tarse, mort depuis plus longtemps. Le prétexte de ces sévices contre des tombeaux était que, depuis la condamnation des livres de Nestorius, les hérétiques nestoriens les remplaçaient par ceux de ces deux évêques, chez lesquels ils trouvaient d’apparentes analogies de principes. Les deux évêques dont on incriminait les ouvrages avaient été dépendans du patriarcat de Syrie et étaient nés tous deux à Antioche : il y avait là de quoi faire réfléchir, et avant que l’empereur décidât rienn l’archevêque de Constantinople (c’était alors l’éloquent et honnête Proclus, qui avait succédé à Maximien) envoya les libelles à Jean d’Antioche pour le mettre au courant de ce qui se tramait.

Jean n’était plus l’homme ardent, inflexible, qui avait ouvert et soutenu la bataille contre les anathématismes, qui avait préféré le schisme à l’acceptation d’une doctrine qu’il jugeait funeste à la foi. Cédant aux menaces de l’empereur, qui voulait la paix à tout prix dans l’église parce que la guerre la fatiguait, il s’était rapproché de Cyrille, qui de son côté fit quelques concessions pour désarmer le prince ; mais cette réconciliation mécontenta une partie de ses prêtres, qui se séparèrent de sa communion, de sorte qu’un nouveau