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RÉCITS
DE L’HISTOIRE ROMAINE
AU CINQUIÈME SIÈCLE

NESTORIUS
la question des deux natures
428-431



Il est de mode d’accuser le Ve siècle et les deux siècles qui l’ont précédé et suivi d’avoir manqué de vie publique, et conséquemment de n’être pas dignes de l’histoire. Nous souscririons peut-être à la conséquence, si les prémisses étaient exactes, quoique après tout notre siècle n’ait guère le droit d’être dédaigneux pour les autres, et que le fameux humant nihil a me alienum puto soit la vraie devise de l’histoire. Le tout est de s’entendre sur ce qu’on veut appeler la vie publique. La plupart de ceux qui nous en parlent, au moins pour l’antiquité, ne la conçoivent qu’avec l’attirail de Rome républicaine : un forum tumultueux, un sénat en guerre perpétuelle avec le peuple, des tribuns en toge, des candidats accoutrés de blanc, des licteurs, des proscriptions, des exils, des assassinats commis jusque dans le forum. Eh bien ! le Ve siècle nous présente une partie de ce spectacle. On n’y dispute pas, il est vrai, sur les lois agraires ou sur la représaille des plébéiens contre les nobles ; mais on s’y bat très ardemment pour construire l’édifice de la religion que nous professons, et qui, dans nos temps troublés, est le dernier asile de la civilisation ; la brigue, la corruption, la violence,