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la compétence des seuls évêques. La lecture fut écoutée en silence et suivie des acclamations ordinaires de souhaits de longue vie pour le prince, ce qui fît croire au commissaire que l’assemblée se soumettait, et allait obéir à sa sommation. Il lui renouvela en conséquence l’invitation de se dissoudre.

Mais alors un tumulte plus grand que le premier éclata dans toute l’assistance. Ce qu’avaient voulu les meneurs, c’était d’obtenir du délégué de l’empereur la lecture des lettres et instructions qui devaient inaugurer l’ouverture du concile, et empêcher qu’on n’arguât de ce défaut pour soutenir la nullité de ses actes. La formalité se trouvait remplie, et le comte Candidien avait été joué. « Maintenant que nous connaissons la lettre sacrée, dit un des évêques, profitant d’un instant de silence, nous allons nous conformer au désir de notre très clément et très religieux empereur en portant d’abord nos délibérations sur les questions de foi ; en conséquence, nous invitons l’illustrissime comte à vouloir bien quitter l’assemblée. » Candidien, reconnaissant sa faute, tâcha de la réparer comme il put ; mais on ne l’écouta pas : de telles clameurs, de telles huées étouffèrent sa voix qu’il fut obligé de sortir. « Je sortis, dit-il dans son rapport, injurié, expulsé. » Alors vint le tour des évêques qui l’avaient suivi. Ceux de Nestorius furent l’objet de tant d’insultes et de menaces qu’ils ne songèrent qu’à s’enfuir. La députation des soixante-huit n’eut pas une chance plus heureuse ; elle fut mise hors de l’église sans avoir pu lire la protestation qu’elle apportait. Ainsi débuta la session du concile d’Éphèse, qu’un magistrat incapable venait d’inaugurer à son insu.

Après leur départ, la séance reprit, et le protonotaire exposa l’affaire du révérendissime archevêque de Constantinople, Nestorius, accusé d’hérésie. Comme l’accusé était absent, on demanda qu’il fût cité en personne à comparaître, afin d’entendre ses réponses et de pouvoir rendre un jugement contradictoire. Quatre évêques furent désignés pour lui porter une citation en règle. Sa maison était entourée de soldats armés de massues que lui avait envoyés Candidien, et les évêques ne furent point admis ; mais un officier leur dit, de la part de l’archevêque, qu’il comparaîtrait dès qu’il y aurait un concile. Une seconde citation fut faite, cette fois sans que les évêques pussent même approcher de la maison. C’étaient, avec la citation faite le 20, les trois qu’exigeaient les canons, et l’assemblée déclara qu’elle jugerait sur pièces. On lut d’abord le symbole de Nicée, comme la véritable règle de la foi, et ensuite la seconde lettre de Cyrille à Nestorius, sur laquelle le président pria les pères de vouloir bien dire leur sentiment : tous l’approuvèrent, et l’approbation fut mentionnée au procès-verbal. On lut ensuite la réponse de Nestorius, qui excita de violens murmures dans