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bataillon fournit un caporal qui remplit dans le détachement les fonctions de sous-officier. Les brancardiers forment des patrouilles de trois hommes ; deux portent un brancard et ses accessoires, le troisième porte des attelles de fer-blanc pour soutenir les membres fracturés et appliquer en cas d’urgence un pansement provisoire. Ces patrouilles parcourent la ligne de combat, relèvent les blessés et les portent jusqu’à la place de secours. Dans l’armée prussienne, les brancardiers tirés des compagnies ne forment pas un détachement spécial, et restent autant que possible près de leur régiment. Dans l’une et l’autre armée, le nombre de ces porteurs serait insuffisant, s’ils étaient seuls chargés de cette partie du service, et s’ils n’étaient secondés et guidés par les infirmiers-brancardiers appartenant aux compagnies de santé.

Les compagnies ou troupes de santé (Sanitäts-Truppen pour l’Autriche, Sanitäts-Détachement pour la Prusse) sont des corps particuliers, homogènes, que ne possède malheureusement pas l’armée française. Il existe en Autriche dix compagnies de santé, comprenant chacune 180 infirmiers qui ont reçu une instruction spéciale. En temps de paix, ces 1,800 infirmiers sont répartis dans les divers hôpitaux militaires de l’empire. En temps de guerre, les dix compagnies se reconstituent ; chaque corps d’armée en possède une, deux restent comme réserve. Elles représentent des compagnies d’infirmiers et non des ambulances dans l’acception que nous donnons à ce mot, car l’élément médical n’y est représenté que par un chirurgien-major. Elles fonctionnent à la place de pansement et aident dans ces circonstances les médecins des régimens qui viennent y constituer le service médical proprement dit. En Prusse, chaque armee-corps a 3 compagnies de santé composées chacune de 6 médecins, 8 aides-hospitaliers, 1 pharmacien, 8 infirmiers 149 soldats brancardiers. La compagnie dessert la place de pansement, où elle reçoit comme renfort la moitié des médecins attachés aux bataillons d’infanterie.

L’institution des infirmiers et des soldats brancardiers rend dans ces deux armées de très grands services. Aucun prétexte n’est laissé aux combattans pour sortir du rang, et l’enlèvement des blessés se fait avec une grande célérité et surtout une grande sécurité pour la blessure.

Le rôle des médecins de régiment est différent dans les trois armées. En France, tous doivent rester avec leurs corps, afin de donner aux blessés les premiers secours. En Prusse, la moitié seulement de ces médecins demeurent sous le feu, les autres vont aider leurs collègues de la compagnie de santé, réunis à la place de pansement. En Autriche, aucun d’eux ne reste à son rang ordinaire, et tous ceux d’une même brigade se réunissent à la place de