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de Feldschers, c’est-à-dire aides-chirurgiens, et ont dans l’armée le grade de sous-officiers. Ils doivent, au profit de l’école qui leur a donné l’instruction dix années de service. Ceux qui appartiennent aux hôpitaux civils comme ceux des hôpitaux militaires sont, en cas d’inconduite, envoyés dans l’armée comme soldats. Suivant leurs aptitudes et l’ancienneté de leur service, ils sont divisés en deux classes dont la première est celle des Feldschers en chef ; mais la promotion ne peut avoir lieu qu’après six années de grade. Les Feldschers militaires peuvent être, après douze ans de service irréprochable, élevés à la quatorzième classe de la noblesse (régistrateur de collège) ; les aides-chirurgiens civils ne peuvent arriver à ce premier degré (tchine) qu’après quinze années de service. La retraite est acquise après vingt ans avec moitié des appointemens ; après trente ans de service, la totalité des appointemens est acquise. Ces appointemens sont de 33 roubles (134 fr.) par an pour les Feldschers en chef militaires ; les autres ne reçoivent que 101 fr. Le Feldscher promu à la quatorzième classe de noblesse reçoit, 527 francs par an.

Le service des aides-chirurgiens consiste à faine les pansemens, à distribuer les médicamens, à tenir les registres d’entrée et de sortie des malades, les registres de comptabilité, et à noter pendant la journée sur une feuille d’observation les phénomènes présentés par les malades confiés à leurs soins. En temps de guerre, les Feldschers forment le personnel infirmier des ambulances. Excellente tant qu’elle fonctionne dans les hôpitaux civils ou militaires, l’institution des aides-chirurgiens a l’inconvénient grave de jeter dans la circulation, après leurs dix années de service obligatoire, une armée de rebouteurs attitrés. Trop complète en Russie, où les besoins du reste sont un peu différens, l’instruction des infirmiers de visite est insuffisante en France. La vérité nous paraît être dans le terme moyen ; mais ce que nous, avons surtout à étudier, c’est la réunion de ces infirmiers en « compagnies du santé, » en « détachemens sanitaires, » corps spéciaux, autonomes, sans analogues dans l’armée française, et que nous allons voir, sur les champs de bataille, fonctionner avec grand avantage dans les armées prussienne et autrichienne.


IV

Le service médical en temps de guerre doit faire face à des besoins toujours nombreux, mais qui au jour d’une bataille atteignent de formidables proportions. Il faut, même pendant la lutte, relever les blessés et les porter hors de l’atteinte des projectiles, examiner soigneusement toutes les plaies, pratiquer les opérations urgentes, appliquer des appareils provisoires qui permettront le transport du