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gouvernement qui faisait tour à tour de la politique anglaise, de la politique italienne, de la politique pontificale, de la politique polonaise, de la politique mexicaine, et, Dieu lui pardonne ! de la politique prussienne. Il est bien temps que le gouvernement de la France fasse de la politique française et ne fasse pas autre chose. Jadis l’Autriche s’est piquée d’étonner le monde par son ingratitude. Les amis de la France souhaitent que provisoirement la France étonne le monde par sa modestie. La modestie a cela de bon qu’elle n’est pas seulement une vertu ; elle est un moyen.

Agréez, monsieur, l’expression de tous mes sentimens de haute considération.

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Paris, 20 septembre 1871.


A M. LE DIRECTEUR DE LA REVUE DES DEUX MONDES.

Monsieur,

Vous venez de publier dans la Revue des Deux Mondes (n° du 15 septembre) un article signé par M. A. Mézières, et intitulé la Vérité sur le blocus de Metz . Je suis personnellement mis en cause dans cet écrit, et je compte sur votre haute impartialité pour insérer ma réponse. Depuis longtemps, je dédaignais de vaines attaques, mais aujourd’hui l’importance et la valeur incontestée de votre publication me font un devoir de rompre le silence. M. Mézières, qui ne recherche que la vérité, ne trouvera pas mauvais que je vienne rectifier quelques erreurs sans doute involontaires.

M. Mézières raconte, page 415, ce qui se passa le 26 août, lorsque l’armée s’était mise en bataille devant le fort Saint-Julien, et que le maréchal Bazaine réunit autour de lui, au château de Grimont, les commandans de corps d’armée et les commandans des armes spéciales. Il fut reconnu en effet dans cette réunion que, n’ayant aucun renseignement précis sur la position de l’armée du maréchal Mac-Mahnon, on ajournerait jusqu’à nouvel ordre toute opération lointaine, mais que ce temps serait très utilement employé à tourmenter l’ennemi par des sorties vigoureuses, à perfectionner les défenses et l’armement des forts et de la place. On convint d’ailleurs que la position de l’armée sur le flanc de l’ennemi était éminemment stratégique. Cette idée n’était point nouvelle, car on avait vu, le 30 septembre 1792, Dumouriez persister à occuper la forêt de l’Argonne sur les derrières des Prussiens, quoique la route de Paris fût ouverte aux envahisseurs ; le duc de Brunswick revint sur ses