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il peut croire, ce n’était pas la foi du charbonnier. On rapporte qu’un jour, dans un salon de Francfort, il se prit à dire : « Vous verrez, messieurs, que je deviendrai un grand homme, et que je finirai par une grande faute. » Il semble qu’il y ait en France de petites ambitions qui se disent : « Commençons par une grande faute, et nous verrons plus tard à devenir de grands hommes. » Cette méthode est bien chanceuse. Puissent ces ambitions se raviser, et les fous de tous les partis venir à résipiscence ! La France et les amis de la France leur en auront une éternelle gratitude.

Agréez, je vous prie, monsieur, l’expression de tous mes sentimens de haute considération.

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LES FOUILLES DE SANTORIN.

Au commencement de l’année 1866, un volcan sous-marin qui sommeillait depuis un siècle et demi s’est réveillé de son long repos ; au milieu de la fumée et des flammes vomies par la mer, quelques îlots nouveaux sont venus s’ajouter aux six îles, d’origine volcanique, dont la plus grande, l’ancienne Thera, porte aujourd’hui le nom de Santorin. Cet événement imprévu ne pouvait manquer d’attirer sur ce groupe l’attention des géologues. Quand l’éruption se fut apaisée, on commença des recherches scientifiques, et des fouilles entreprises d’abord dans l’île de Therasia, puis dans la grande île de Santorin elle-même, eurent pour résultat la découverte de constructions appartenant, selon toute probabilité, à une époque antéhistorique. M. Fouqué a entretenu les lecteurs de la Revue[1] des premières trouvailles qui furent faites à cette occasion. A Therasia aussi bien qu’à Santorin les habitations que ces fouilles mirent au jour reposaient immédiatement sur un banc de lave scoriacée ; elles étaient recouvertes par une épaisse couche de tuf ponceux, produit de quelque irruption ancienne qui avait envahi des villages entiers, comme les cendres du Vésuve devaient plus tard enterrer les villes de Pompéi, d’Herculanum et de Stabies. Dans l’intérieur des bâtimens exhumés, on trouva des objets nombreux et variés : des vases, les uns en terre cuite, les autres en lave, des outils de silex et d’obsidienne, des grains, des pois chiches, de la paille, des ossemens ; mais, sauf deux petits anneaux d’or trouvés à Santorin, l’absence des métaux était complète et caractéristique.

Ces jours derniers, MM. Gorceix et Mamet ont fait connaître de nouveaux détails sur les résultats de ces fouilles, qui n’ont pas été discontinuées après le départ de M. Fouqué. On a encore exhumé des constructions anciennes en quatre points différens des environs du village d’Acrotiri, situé à la pointe sud-est de Santorin. Parmi les objets qu’elles

  1. Voyez la Revue du 15 octobre 1869, — une Pompéi antéhistorique.