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sont ni tout à fait certaines, ni immédiates ; au fur et à mesure de ses besoins, la ville aura la faculté de se créer des ressources avec sa signature : il n’y a donc aucune nécessité de se charger par avance de la totalité de l’émission autorisée. D’ailleurs la ville a des revendications à faire à l’état, peut-être trouvera-t-elle de ce côté le moyen d’éviter la création d’une nouvelle dette flottante, et même de pourvoir aux échéances des 49 millions de bons restant de la caisse des travaux.

Le principal objet de cette dette flottante est après tout de parer aux déficits auxquels il faudra s’attendre dans les recettes ; ce n’est pas en effet seulement par de plus lourdes dépenses à payer que les années 1870 et 1871 marqueront leur triste passage, c’est encore par l’énorme diminution du revenu municipal. Sans pouvoir rien préciser à cet égard faute de documens, M. Say évalue à plus de 27 millions le déficit final de 1870 ; la différence serait encore bien plus grande, si certaines dépenses, comme celles de l’entretien et de la construction, n’avaient été suspendues. L’octroi, qui devait produire 108 millions, en a donné 81, et l’on ne s’expliquerait pas même un tel rendement pour une ville entièrement investie, qui perçoit en droits d’octroi environ 300,000 francs par jour en temps ordinaire, si l’on n’observait qu’à raison des grands approvisionnemens faits, du stock des marchandises laissé dans les entrepôts, on a pu considérer comme droits d’entrée les paiemens faits au fur et à mesure de la consommation. Le dernier trimestre de 1870 a seul supporté les diminutions de recettes ; pour 1871, les résultats seront encore plus désavantageux. Le préfet n’a pu jusqu’ici présenter un budget régulier pour cette année ; il a dressé le tableau des recettes et des dépenses afférentes à la fin de l’exercice sans prétendre qu’il ne faille pas ajouter d’autres chiffres pour le commencement. Les recettes n’atteignent que 90 millions, et les dépenses 136 : c’est un déficit de 46 millions, qui ne se modifiera peut-être pas sensiblement, et qui n’a rien d’exagéré, si on le compare à celui de 1870. Le budget définitif de 1871 ne sera réglé qu’après qu’on aura pourvu aux services de caisse, et la dette flottante en fournira le moyen.

Avant de chercher comment dans les années suivantes la ville de Paris supportera le poids des nouveaux engagemens qu’elle veut contracter, et que le conseil municipal s’est empressé de reconnaître dans toute leur étendue, récapitulons ces engagemens et recherchons ce que douze mois de malheurs et de fautes coûtent à la population parisienne. Nous avons vu qu’au moyen d’un emprunt de 660 millions le corps législatif se flattait d’éteindre la dette entière du Crédit foncier, de liquider la caisse des travaux, de payer pour 128 millions de dépenses que M. Chevreau appelait les dettes