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principalement dans le retour à l’élection à deux degrés pour le choix des fonctionnaires municipaux, dont les charges étaient en partie devenues vénales. Le parti vainqueur comptait l’emporter dans les votes, grâce à la retraite des politiques, dont bon nombre avaient fui. Une fois maîtres dans le bureau de la ville, les seize se promettaient d’en étendre les attributions pour tirer à eux tout le gouvernement. Le duc de Guise, qui caressait ce parti afin de s’en assurer le concours, adopta leurs vues. Il fallait donc au préalable renouveler la composition du corps de ville, car il renfermait trop de gens dévoués au roi pour que le conseil de l’union y dictât ses volontés. Quoique l’époque de la réélection du prévôt des marchands et des échevins ne fût point arrivée, le duc, d’accord avec ses complices, fit décider qu’on procéderait à de nouveaux choix. On se débarrassa du prévôt des marchands, le maître des requêtes Hector de Perreuse, en l’emprisonnant à la Bastille, dont Bussi-Leclerc venait d’être installé gouverneur ; puis le 17 on convoqua au nom du cardinal de Bourbon, qualifié de premier prince du sang et des autres princes étant près de sa personne, une assemblée à l’Hôtel de Ville. Le corps électoral avait été inopinément remanié, et nombre de bourgeois parurent, qui n’étaient pas auparavant appelés à donner leurs suffrages. En revanche, divers notables qui passaient pour politiques n’osèrent se présenter, craignant le sort de Perreuse. Nicolas Roland porta la parole ; il insista sur la nécessité de procéder à de nouvelles élections pour remplacer ceux du corps de ville qui étaient absens ou haïs et mal voulus du peuple. Le duc de Guise, qui assistait en personne à la séance dans l’intention de peser sur les votes, tint le même langage, et assura l’assemblée qu’il était fermement résolu de faire respecter ses décisions. Le discours du prince fut reçu par des acclamations, et les assistons se montrèrent si empressés à lui témoigner leur dévoûment, qu’ils élurent pour prévôt des marchands un sieur de Marchaulmont, qui remplissait des fonctions de chambellan dans la maison des princes de Lorraine. Or c’était là une infraction aux coutumes et privilèges de la ville, qui exigeaient de plus que le prévôt fût Parisien de naissance. Marchaulmont ne jugea pas pour ce motif devoir accepter, et le lendemain, dans une seconde assemblée, le duc proposait à sa place La Chapelle-Marteau, qui avait obtenu le plus de suffrages après l’élu de la veille ; cette proposition fut immédiatement ratifiée. Les autres choix n’avaient pas été moins significatifs. On avait élu échevins, en remplacement de Lecomte et Lugoli, qui s’étaient rendus près du roi, des hommes dévoués à la ligue, dont trois appartenaient au conseil secret de l’union, N. Roland, les marchands drapiers Compans et L. de Costeblanche ; le teinturier Desprez, qui venait en quatrième, était d’une opinion moins avancée. L’avocat Brigard, qui avait été