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En remontant la rivière de Ning-po jusqu’à la distance de 25 à 30 kilomètres, où il existe un lieu de pèlerinage célèbre dans la contrée, le temple de Ayu-ka, on arrive au pied de collines d’un aspect curieux. De tous côtés, ce sont des fermes bordées de massifs de genévriers et d’autres arbres verts, où l’on s’occupe spécialement de la culture du thé, et aux alentours des tombes plus ou moins en ruine. Les pentes des collines sont cultivées, mais au-delà, de même qu’au bord des sentiers, il n’y a plus que de longues herbes, des arbrisseaux, une foule de plantes sauvages ; au printemps, la forsythia verte[1], les clématites, les spirées[2], les églantiers, la glycine, sont en pleine floraison. Si le regard se porte un peu plus haut, ce sont des amélanchiers aux fleurs blanches[3], des azaléas de toutes nuances avec des gerbes de fleurs plus larges qu’on n’en vit jamais dans les expositions d’horticulture en Europe. Par une belle matinée, nous dit-on, lorsque du côté de l’orient le soleil s’élève sur les montagnes, que les gouttes de rosée tremblent sur les herbes et les fleurs, que les oiseaux font entendre leurs notes argentines, la scène porte aux rêves les plus poétiques. À quelques lieues au nord-ouest de Ning-po se trouve la vieille cité de Tse-ki, assise sur un bras de la rivière dans une plaine entourée de collines. La hauteur des sommets varie de 100 à 300 mètres, et plusieurs d’entre eux sont couronnés par des temples d’un effet imposant et pittoresque. Du côté du nord, entre la porte de la ville et les collines s’étend un joli lac, traversé par une digue conduisant à une série de temples bâtis au pied des coteaux. Le pont, avec ses arches arrondies, vu par le profil, la nappe d’eau reflétant mille objets, la riche végétation des rivages, les monumens épars, forment un tableau qui dépasse toute description. Les pentes des collines sont couvertes d’arbres d’un aspect charmant : ce sont des groupes de pins de la Chine de proportions magnifiques, puis des châtaigniers donnant des fruits estimés, et des chênes, les uns à feuilles persistantes, les autres à feuilles caduques, puis des camphriers au port majestueux, qui parmi tous les autres attirent surtout l’attention. Près des tombeaux, outre les pins, les genévriers, les cyprès, se montrent aussi des saules pleureurs et un arbre de la famille des pommiers[4] qui, en hiver, se couvre de grappes de baies du plus beau rouge.

Dans le district de Mou-yuen, bien connu par les thés verts qu’on exporte en Europe et en Amérique, les châtaigniers et les cèdres du

  1. Forsythia viridissima, du groupe des frênes.
  2. Spirœa Reevesiana.
  3. Amelanchier racemosa.
  4. Photinia glabra.