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un aperçu des résultats acquis par les explorations des savans anglais dans les provinces orientales.

Les Anglais profitèrent bientôt des avantages obtenus par le traité de 1842. Plusieurs ports ayant été ouverts au commerce européen et l’accès du pays ayant cessé d’être interdit aux étrangers, la Chine devint pour quelques voyageurs un champ d’études sérieuses. On explora les parties voisines de la côte, et sur divers points on entreprit des excursions dans l’intérieur. De la rivière de Canton à l’embouchure du Yang-tse-kiang, soit du 22e au 32e degré de latitude, les recherches furent actives. De la sorte se trouve acquise aujourd’hui une connaissance déjà assez satisfaisante des conditions de la nature dans la région orientale de la Chine : les provinces de Quang-tong, de Fou-kien, de Tche-kiang, ainsi que les îles de Hong-kong, de Formose, d’Amoy, de Chusan. M. Robert Fortune[1] a étudié la flore de ces pays avec une extrême persévérance, et l’on peut voir maintenant dans les jardins d’Europe plusieurs des belles plantes qu’il a découvertes. Depuis une douzaine d’années, M. Swinhoe, consul d’Angleterre à Formose, se livre à d’incessantes recherches sur les animaux et en particulier sur les oiseaux. Beaucoup d’investigateurs se sont signalés par des études sur les productions naturelles en certains endroits déterminés[2].

Les voyageurs qui se rendent à Canton, après avoir admiré la riche végétation de l’île de Ceylan et de l’île de Java, éprouvent un sentiment de tristesse en apercevant les côtes de la Chine. Aussi loin que la vue peut s’étendre, les collines nues ont un aspect désolé. Sur le sol aride se montrent à peine en quelques endroits des pins misérables, réduits à la dimension de simples arbrisseaux. La première impression est défavorable ; mais celui qui doit parcourir le pays en observateur va bientôt rencontrer ou des scènes charmantes, ou des sujets dignes d’attention.

La rivière de Canton offre un caractère imposant : près de l’embouchure, des îles couvertes d’une argile jaunâtre et semées de roches énormes sont d’un effet étrange ; la Bogue franchie, la nappe d’eau étalée sur une immense surface donne l’idée d’une mer intérieure. Le paysage est vraiment grandiose : le sol, cultivé près des rivages, forme un saisissant contraste avec les collines nues, et les montagnes lointaines, bien qu’elles soient dépouillées, se dressant comme pour limiter l’espace, complètent le tableau. Les rizières

  1. Three years Wanderings in the northern provinces of China, London, 1847.Journey to the tea counlries of China 1852 et 1853. — A résidence among the Chinese inland, on the coast at sea, London, 1857.
  2. Les observations de M. Swinhoe sont publiées pour la plupart dans le recueil périodique intitulé The Ibis : Quarterly journal of Ornithology.