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dynastiques ; mais, comme elle n’avait su manier que des appâts matériels, elle y a perdu son temps, sa peine, ses avances, ses offres et ses caresses.

Au point de vue où nous nous plaçons, cette influence de l’usage, cette permanence des rapports, doivent faciliter singulièrement l’investigation commencée. On va s’en convaincre tout de suite. Deux questions préliminaires se présentent en effet au-devant de nous. Sur quel nombre d’ouvriers, déduction faite de ceux qui conservent quelque travail, pouvons-nous, en définitive et d’après des documens assez positifs, répartir les désastres de la guerre sociale ? Est-il possible de prendre une unité comme type du gain journalier de chaque travailleur, et qui puisse servir de base à nos calculs ? On ne saurait plus faire un seul pas en avant, si l’on n’est pas édifié sur ces deux points essentiels. Or, si le travail parisien était abandonné à tous les hasards d’une mobilité sans frein et sans loi, il serait inutile de se mettre à l’œuvre. Heureusement il n’en est rien : des traits permanens, des usages durables, viennent nous fournir tous les élémens nécessaires d’une solution.

Sur le chiffre de 600,000 ouvriers, qui dérivait déjà des constatations de l’année 1860, et dont nous avons commencé par retrancher 100,000 personnes à raison des conjonctures actuelles, il y a une autre réduction à opérer. Les individus conservant une certaine besogne ne doivent plus figurer dans le contingent. N’y eût-il que cette circonstance, qu’elle suffirait pour expliquer, pour justifier le premier cadre de nos recherches, celui qui dépeint sur l’état des travaux dans les divers groupes d’industries. Tandis qu’on se perdrait sans cela dans des opérations sans fin, rien n’est plus facile que de réunir les résultats concernant chaque grande spécialité. Cette addition pure et simple nous démontre que les ouvriers encore occupés, à un titre quelconque, composent pour nos huit divisions un total de 114,150.

Voilà un point de départ nettement articulé ; mais de quels élémens ce total est-il formé ? C’est indispensable à savoir, si l’on veut connaître au juste ce que la véritable industrie garde encore de son domaine antérieur. Or, si vous ôtez les individus qui travaillent pour les besoins de la guerre civile soit dans les ateliers métallurgiques, soit dans la confection des uniformes, si vous défalquez en outre les ouvriers de l’alimentation et ceux des établissemens publics du huitième groupe, savez-vous à quelles proportions étroites se trouve ramené l’effectif de toutes les professions industrielles de la capitale ? À un chiffre de 20,700 personnes ! Toutes compensations faites entre les groupes à raison de partielles affectations à des articles militaires, on n’obtient absolument rien de plus. Ainsi l’ancienne