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nous, que l’érection de la police métropolitaine en personne morale, capable d’avoir et de gérer un patrimoine, de recevoir des dons et des legs.

La police métropolitaine, ainsi constituée par l’acte de 1829, ne s’appliquait pas dans l’origine à la cité de Londres. Cette vénérable corporation avait résisté à l’absorption partielle de ses vieilles attributions. Au moyen de concessions réciproques, l’on arriva à un compromis curieux. En vertu d’un acte de 1839, l’administration de la police dans la cité de Londres est confiée à une commission supérieure et à un commissaire en chef, nommés par le conseil municipal ; mais la nomination du commissaire en chef doit être soumise à l’approbation du gouvernement. Suivant l’habitude anglaise, qui confie le choix de tous les employés au chef de service, c’est le commissaire en chef qui nomme tous les agens du service actif, tandis que la commission supérieure, par une distinction habile et heureuse, choisit ceux du service administratif. Les règlement de police sont préparés par le commissaire en chef, soumis à l’approbation du lord-maire, et présentés seulement alors à l’homologation du gouvernement. Dans chaque section de la cité, la partie administrative du service de la police appartient à l’aldermen et aux membres du conseil commun élu par la section. Cette commission de section a pour principal objet de notifier à la commission supérieure le traitement des secrétaires, des bedeaux, et les crédits pour les autres frais de l’administration de la section votés par les habitans réunis en assemblée. On voit quelle large part d’indépendance les diverses fractions de la cité ont conservée, même en ce qui concerne le service le plus centralisé ; mais cette organisation particulière à la cité de Londres est une exception, justifiée par un excessif respect pour les traditions : c’est dans les autres parties de l’agglomération londonienne que le législateur français doit chercher des exemples.

Tel est le régime de l’immense métropole anglaise. Deux traits surtout sont caractéristiques. D’un côté la police y dépend complètement de la couronne ; les autorités locales n’interviennent d’aucune manière dans ce service essentiel. D’une autre part, pour tous les autres services administratifs, l’agglomération de Londres est partagé en une foule de sections, qui toutes ont leur sphère d’activité propre et indépendante : ce sont d’abord les paroisses, dont le nombre se compte par centaines, avec leurs vestries, assemblées des contribuables ; puis viennent les 38 districts avec leurs commissions locales : au-dessus enfin le bureau métropolitain. Est-il exact, ainsi qu’on l’a prétendu, que les Anglais soient las de cette complication de ressorts et disposés à se défaire de leurs commissions de