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ajouté ou de commentaires. La modification la plus importante est dans la disposition de certaines matières. L’auteur a rejeté avec raison parmi les épilogues du premier volume la description topographique de Rome, qu’il n’y avait pas moyen de mettre sous la plume de Camulogène. Cette description, faite au point de vue de la science moderne, figurait mal en tête de la correspondance fictive d’un Gaulois du Ier siècle de notre ère. Le lecteur était obligé de se faire violence, après avoir lu plus de cent pages d’archéologie par un auteur contemporain, pour aborder le même sujet traité par un prétendu voyageur d’il y a dix-neuf cents ans. La fiction est si peu de chose dans l’ouvrage entier, que la description moderne se confondait dans la mémoire avec l’ancienne, et Camulogène avec M. Dezobry. Le renvoi à la fin du premier volume fait disparaître cet inconvénient : ces pages de topographie seront lues par ceux qui les chercheront, et pourront être négligées au moins provisoirement par ceux qui ne s’en soucient pas autant.

M. Dezobry a rendu service à la jeunesse en ajoutant à son ouvrage un grand nombre de cartes, de plans et de gravures vraiment remarquables : c’est un attrait infaillible pour un âge où la science entre volontiers par les yeux. A tout âge d’ailleurs, rien ne vaut un dessin pour expliquer un texte ; à celui des cliens naturels de M. Dezobry, rien ne vaut un dessin pour faire lire un texte. Son livre peut être cité avec honneur parmi ceux qui sont enrichis de bonnes gravures, et, puisque ce mot anglais s’est fait accorder droit de cité parmi nous, l’illustration sérieuse peut enregistrer Rome au siècle d’Auguste parmi ses plus estimables échantillons. Au nombre des artistes de mérite dont M. Dezobry a invoqué le concours, citons M. Léveil, mort à Paris il y a quatre ans. Il remporta en 1832 le grand prix de Rome pour l’architecture, et envoya en 1836 une restauration du Forum romain, conservée depuis à la bibliothèque de l’École des beaux-arts, et très remarquée à cette époque. Léveil, renonçant à la pratique et à l’enseignement de l’architecture, se contenta d’être un dessinateur très habile. Parmi les nombreux travaux qu’il abandonna sans signature à toute sorte de publications pittoresques, M. Dezobry a voulu du moins citer les planches que cet artiste a dessinées pour Rome au siècle d’Auguste, et il a consacré au dessinateur un souvenir dont la pensée fait certainement donneur à l’écrivain.

Louis Étienne.

C. Buloz.