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du roi du 27 janvier 1815, les articles 459, 460, 461 du code pénal, la loi du 11 juin 1866, concernant les indemnités à accorder après l’abatage. Tous ces documens prescrivent la déclaration des animaux malades par les propriétaires, le recensement, la visite, l’estimation de ces animaux faits par ordre des autorités, la séquestration, l’établissement de cordons sanitaires, la réglementation ou la suspension des foires et des marchés, l’abatage des animaux, l’enfouissement des cadavres et des débris, la désinfection des étables, des harnais, etc. L’utilité de ces prescriptions est évidente. Il nous suffira d’insister sur l’isolement, l’abatage des animaux et l’utilisation de leurs produits.

Une mesure qui peut remplacer toutes les autres, et sans laquelle les autres seraient inutiles, c’est l’isolement des animaux. L’histoire de la science possède des faits curieux qui en montrent l’efficacité. Nous en proposons quelques-uns comme exemple aux propriétaires de bestiaux. Un cultivateur des environs de Saint-Quentin préserva ses vaches au milieu du pays visité par la terrible épizootie de 1775. Il possédait douze vaches soignées par un domestique auquel il fut défendu d’avoir aucune communication avec les gens du village. Tenues renfermées, ne sortant que pour aller boire dans une mare qui leur était exclusivement réservée, aucune ne fut affectée de la maladie. À la même époque, le lieutenant criminel du bailliage de Saint-Quentin, le seigneur de Dallon, procura le même avantage à ses vassaux. La paroisse de Dallon fut la seule préservée dans les environs de Saint-Quentin. Ayant appris que la maladie exerçait de grands ravages dans la Hollande et dans la Flandre, et qu’elle se rapprochait de sa contrée, il fit rendre une ordonnance qui défendait aux habitans d’introduire dans le pays aucune vache du dehors ou de conduire celles de Dallon dans les marais et pâturages qui étaient communs à plusieurs localités. On fit même tenir les vaches à l’étable quand on apprit que l’épizootie faisait des progrès. Il était défendu de laisser pénétrer dans les étables aucun étranger. Ces précautions contrarièrent beaucoup les paysans, qui, rigoureusement surveillés, n’osaient pas cependant y contrevenir ; mais ils virent bientôt périr les vaches de leurs voisins, et ne tardèrent pas à reconnaître la sagesse de la conduite qu’on les avait obligés de tenir. Ils sauvèrent tous leurs bestiaux. Le marquis de Courtivron, dont le nom est bien connu de tous ceux qui se sont occupés de la peste bovine, rapporte que le jardinier du château, en isolant soigneusement son bétail dans l’enclos, le préserva, tandis que dans le village toutes les bêtes périrent de l’épizootie. Il cite plusieurs cultivateurs qui conservèrent de même leur bétail par l’isolement. L’histoire nous