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et à l’encolure des mouvemens qui rappellent ceux qui se produisent dans les envies de vomir. La sensibilité de l’épine, qui se montre lorsqu’on la presse même légèrement, est grande surtout vers le garrot et vers le train postérieur ; le bassin s’abaisse rapidement quand on le comprime, et la poitrine se relève quand on presse la région xyphoïdienne. Le corps est tantôt froid, tantôt chaud ; mais, avec les progrès du mal, il se refroidit sur le dos. Le dessus du corps est emphysémateux, crépitant, si on le presse ; les oreilles et les cornes sont froides. Les malades perdent l’appétit et ruminent irrégulièrement. Il arrive quelquefois qu’ils sont d’abord constipés ; mais la constipation est bientôt remplacée par la diarrhée, par la dyssenterie. Les matières fluides, quelquefois sanguinolentes, sont fétides ; la circulation se trouble, la respiration s’accélère graduellement, elle devient bruyante et les mouvemens du flanc sont fréquens et saccadés. Des vésicules apparaissent sur toutes les parties de la membrane buccale, et des ulcères leur succèdent ; une bave écumeuse s’écoule de la bouche en filamens gluans, les yeux sont ternes et deviennent enfoncés, ils laissent ou non couler des larmes. Dans les femelles, il y a diminution du lait, et il tarit presque complètement dès le troisième ou le quatrième jour. Les membranes muqueuses apparentes sont d’un rouge acajou avec des points plus foncés. Vers la fin de la vie, le pouls est irrégulier, et les battemens du cœur sont inégaux. Les animaux sont très faibles ; s’ils veulent se coucher, ils tombent comme des masses. Le corps est froid, et la sensibilité nulle : ils ne témoignent aucune douleur quand le boucher, pour les saigner, leur coupe la gorge ou leur ouvre la poitrine.

Dans quelques épizooties, la maladie s’annonce par plus de vigueur, par de la gaîté. Les bœufs exécutent parfois des mouvemens désordonnés, que dans ma jeunesse j’ai entendu rappeler par des habitans du midi, qui en avaient été frappés en 1776. Assez souvent, on a remarqué à la peau une éruption de boutons aplatis ou de petites tumeurs. Lorsque ce symptôme ne se montre que sur quelques malades, qu’il ne forme pas le caractère principal de la maladie, il est indiqué par les auteurs comme un présage de guérison : c’est une crise heureuse. Alors les yeux sont vifs, les oreilles dressées, et l’appétit se maintient ou reparaît.

Les lésions cadavériques les plus fréquentes sont la rougeur briquetée ou acajou, avec des points ou des plaques plus foncés, des membranes muqueuses ; dans le tube digestif, la couche épidermique est détachée ou peu adhérente, des ulcérations se voient sur des surfaces plus ou moins étendues, principalement à la bouche et dans le quatrième estomac. Les follicules isolées de l’intestin sont gonflées, et les plaques de Peyer, nues ou couvertes de muco-