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maux, des conditions que l’on ignore, et que l’on ne fait pas naître à volonté. « J’ai inoculé, disait Da-Olmi au commencement de ce siècle, des brebis, des moutons, des agneaux, des chèvres, sur différens endroits du corps avec le virus morbifique des bestiaux les plus malades, et qui ont péri ensuite, mais toujours sans aucun résultat. On avait fait l’essai en Allemagne d’inoculer les cerfs et les biches avec la matière épizootique la plus virulente, sans qu’il en soit arrivé le moindre accident[1]. »

La peste bovine n’a pas de prise sur l’espèce humaine. Malgré les innombrables occasions d’inoculation qui se sont présentées, quoique l’homme ait été bien des fois l’agent de transmission entre des animaux affectés et des animaux sains, quoiqu’il se soit nourri de la viande des bêtes malades, et dans bien des cas-même de celle des bêtes mortes de l’épizootie, il ne l’a jamais contractée. Une émotion assez vive s’était produite en Angleterre pendant l’épizootie de 1866. Un jeune vétérinaire mourut peu de jours après avoir fait l’autopsie d’une vache qu’on venait d’abattre. On répandit le bruit qu’il s’était inoculé la cattleplague. L’autopsie fut faite en présence d’un jury, qui déclara que la mort avait été occasionnée par l’absorption d’un virus inoculé pendant l’autopsie d’une vache atteinte de la cattleplague. Cette déclaration, faite sous l’impression d’une mort prompte et prématurée, devant un cadavre en décomposition, fut discutée, combattue avec raison, et reconnue erronée, non-seulement en s’appuyant sur l’absence complète de faits de contagion de la maladie à l’homme dans tous les temps et dans tous les pays, mais aussi par l’examen attentif des causes du triste événement qui lui avait donné lieu. Se produira-t-il pour l’homme quelque chose de semblable à ce que nous avons observé sur le mouton, la chèvre, la biche, etc., animaux qu’on avait considérés jusqu’à ces dernières années comme ne pouvant pas la contracter, et qui de nos jours en ont été affectés ? Rien n’autorise à répondre à cette question d’une manière affirmative ; mais il n’en est pas moins prudent d’agir avec précaution, de ne point manier les matières infectes quand on a des plaies aux mains, et de faire éprouver une cuisson complète à la viande qui provient d’animaux malades avant de s’en nourrir, quoique, ainsi que nous le verrons, il ait été fait et il soit fait encore de nos jours une très grande consommation de cet aliment sans le moindre accident.

Ce que nous allons dire de l’épizootie se rapportera exclusivement à la maladie observée sur le bœuf ordinaire, bœuf domestique. C’est lui qui en souffre le plus, chez lequel la maladie s’est

  1. Observations et expériences sur l’épizootie, par Vincent-Frédéric Da-Olmi.