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surtout dépend le succès. Seulement il est à craindre que tous n’y apportent pas le zèle que leur intérêt, autant que l’intérêt général, réclamerait.

Un propriétaire du département de la Vienne, qui est aussi un des savans qui ont le plus contribué à populariser les connaissances physiques, M. Ganot, nous écrit de Charroux, arrondissement de Civray, que la peste bovine se rapproche de sa commune. Dès le mois de janvier, le préfet de la Vienne avait interdit la tenue des foires dans les localités voisines des départemens de l’Indre et de la Charente, où règne l’épizootie ; mais postérieurement, sur la demande du maire et du conseil municipal, la tenue d’une foire dans la commune de Charroux a été autorisée. Depuis, l’épizootie a paru dans l’arrondissement de Châtellerault, et, malgré cette situation critique, plusieurs maires, des propriétaires ruraux eux-mêmes, restent fort tranquilles. Il importe de les tirer de leur funeste apathie, il faut instruire la population, lui rappeler les dangers que court notre richesse agricole, lui indiquer le moyen de conjurer ces dangers.


I.

La peste bovine a reçu différens noms qui tous en dénotent la gravité ; on l’a nommée peste dyssentérique, peste varioleuse, fièvre maligne, fièvre aiguë pestilentielle, fièvre ardente, putride et gangreneuse, typhus contagieux des bêtes à cornes. Ces dénominations caractérisent les formes principales qu’elle revêt : tantôt c’est la dyssenterie qui prédomine, tantôt c’est une éruption à la peau, tantôt ce sont des phénomènes nerveux ataxiques. C’est un médecin français, Guersent, qui l’a appelée typhus contagieux des bêtes à cornes, expression qui a l’inconvénient d’être semblable à celle employée pour désigner certaines maladies de l’homme sans que l’analogie des symptômes et des lésions anatomiques la justifie, et qui d’ailleurs n’a pas été adoptée par les savans étrangers qui ont étudié la maladie. Le nom de peste bovine, Rinderpest en Allemagne, cattleplague en Angleterre, que lui ont donné les premiers observateurs, ne préjugeant rien sur la nature de la maladie, convient d’autant mieux que l’affection qu’elle désigne est, comme la peste de l’homme, originaire de l’Orient, excessivement contagieuse et très grave. Vicq-d’Azyr, qui lui avait conservé la dénomination de peste, maladie pestilentielle, admet qu’elle a de la ressemblance avec la peste de l’homme. Il fait la comparaison des deux maladies. Il remarque notamment que, dans le cas où la peste bovine se manifeste par des boutons à la peau, ces boutons ressemblent aux pustules aplaties