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LA PESTE BOVINE





Il y a neuf mois à peine, quand la sécheresse brûlait nos prairies et nos pâturages, quand la plupart des récoltes fourragères paraissaient ne devoir donner qu’un bien maigre produit, on se préoccupait de trouver les moyens de nourrir le bétail. Par un triste retour, la moitié de la France pourrait aujourd’hui se demander où elle prendra des animaux pour faire consommer les herbages que les premiers beaux jours vont faire reverdir. À peine Paris était-il débloqué, à peine avions-nous pu revoir sur notre marché les précieux animaux qui font la base de notre alimentation, que nous pouvions observer l’épizootie la plus meurtrière dont l’espèce bovine puisse être atteinte, épizootie qui a tant de fois porté la désolation dans nos campagnes ; nous apprenions que non-seulement elle détruisait les troupeaux que le gouvernement avait formés pour le ravitaillement, mais encore qu’elle ravageait depuis plusieurs mois nos départemens envahis.

Sans doute, grâce aux besoins que doit faire naître la reprise des affaires commerciales, grâce à la pénurie de chevaux, consommés en si grand nombre pendant la guerre, et aux pertes en bétail occasionnées par l’épizootie, la production, fortement stimulée, se remettra bientôt en équilibre avec la consommation, et deviendra assez active pour que l’on ait plus à se préoccuper des quantités de substances végétales propres à former de la viande que de la quantité des animaux consommateurs ; mais aujourd’hui il importe avant tout d’arrêter la propagation du mal, de préserver les pays non encore atteints, de mettre à l’abri les centres d’élevage devenus plus précieux que jamais. Dans cette circonstance et pour obtenir ce résultat si désirable, le concours des cultivateurs, des propriétaires d’animaux, sera plus efficace que celui des hommes spéciaux : d’eux