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pour les rendre plus grosses et plus fréquentes, je me mis avec un bâton à remuer la terre en tenant pour recueillir le gaz une bouteille pleine d’eau renversée, le goulot plongé dans l’eau et muni d’un entonnoir à la manière ordinaire. À l’aide d’un semblable artifice, je réussis à transporter une quantité suffisante de cet air inflammable à notre hôtellerie de Pietra-Mala, où je fis l’épreuve de le brûler en présence de ces mêmes personnes qui avaient été avec moi sur le lieu, qui m’avaient aidé à recueillir le gaz, et qui avaient assisté aux autres expériences. La flamme de cet air se montra longue et azurée, tout à fait semblable à celle de l’air inflammable des marais. »

Volta poursuivît ensuite ses recherches en faisant avec l’eudiomètre des expériences d’analyse chimique qui mirent en évidence l’identité presque absolue du gaz du terrain ardent et de l’air inflammable des marais. Le même carbure d’hydrogène était l’élément presque exclusif du mélange gazeux dégagé dans les deux cas. Dès lors il crut sa démonstration complète ; les gaz développés étant les mêmes, la cause qui les engendrait ne pouvait être différente. Il faut avouer pourtant que cette dernière conclusion était bien hasardée, et que, pour être prouvée avec certitude, elle aurait eu besoin d’être appuyée par d’autres preuves empruntées à l’observation directe ; mais Volta ne paraît pas s’en être inquiété. C’est à peine s’il jette un coup d’œil sur le terrain de Pietra-Mala et sur les roches qui le composent ; il ne cherche pas même si quelque chose dans la disposition des couches peut rendre vraisemblable un enfouissement de matières organiques tel que celui qu’il a supposé. Il est si bien persuadé que les exhalations inflammables du terrain ardent sont entièrement de nature gazeuse, qu’il nie résolument, sans s’être livré au plus simple examen, l’existence des matières bitumineuses volatiles qui imprègnent le sol sur le lieu du dégagement, et qui y sont amenées des profondeurs de la terre en même temps que le gaz. Autant les expériences qu’il fait comme physicien et comme chimiste sont remarquables et positives, autant ses observations comme naturaliste sont incomplètes. Ses études sur l’état et la composition chimique des produits gazeux du terrain ardent ne laissent rien à désirer ; mais l’assimilation absolue établie entre ces émanations et celles qui s’échappent du fond des marais n’est nullement justifiée par les résultats de son travail.

Un terrain ardent, tout aussi connu en Italie que celui de Pietra-Mala, s’observe à quelques milles plus loin vers l’ouest, au-dessus de la petite ville de Porretta, sur le même versant de l’Apennin. C’est à Porretta que commence le col dans lequel s’engage le chemin de fer qui va de Bologne à Florence. Des sources minérales