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Car c’est par là que la victoire.
S’appelle extermination,
Et que cesse une nation
De valoir ans yeux de l’histoire.

Là sont les champs du désespoir,
Là sont les routes mal famées
Où ne passent point les armées.
D’un chef qui connaît son devoir !


LE PRINCE

Ah ! voilà le grand mot : nous sommes les barbares,
Les Vandales, les Huns, les Cimbres, les Teutons,
Proie immonde vouée aux éternels Ténares !
Et sur la route ouverte où nous vous combattons,
Il n’eût tenu qu’à moi, dis-tu, qu’à mon génie,
D’arrêter d’un seul mot toute la Germanie ;
Mais, pauvre France, où donc va ton illusion ?
Que peut un philosophe, et fût-il roi lui-même,
Contre un peuple entraîné par son impulsion,
Contre une race entière en son effort suprême ?
Vois où ta propre erreur te pousse maintenant
Nous sommes des Teutons, des barbares, des hordes,
Des Mohicans sans âme et sans miséricorde,
Des ravageurs pillant, brûlant à tout venant !
Et c’est quand tu me fais une telle querelle,
Quand ta bouche d’airain parle comme cela,
Que tu viens demander l’esprit d’un Marc-Aurèle.
Où ne suffirait pas le bras d’un Attila !


LA FRANCE

La tâche était, purent sublime :
Arrêter leurs desseins affreux,
Sur l’amour des peuples, entre eux
Fonder ton règne légitime !

Ta jeunesse, l’humanité,
T’y conviaient ! — Courbe la tête,
Ame impuissante, âme inquiète,
Tu mourras pour avoir douté.

Qui, de deux devoirs, prend le moindre
À jamais s’annule et se tait ;
Mon étoile qui me quittait
À mon front recommence à poindre !