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LES


RÉCENTES EXPLORATIONS


DE LA CHINE




VOYAGE DE PÉKIN À L’OURATO EN MONGOLIE.




I.

Les professeurs-administrateurs du Muséum d’histoire naturelle avaient exprimé le désir de voir s’effectuer un voyage d’exploration dans les provinces occidentales de la Chine. La science ne possédait aucune donnée sur cette région, et le Kan-sou avec les pays limitrophes était particulièrement désigné par la situation géographique ; mais de ce côté toute entreprise devait être ajournée, la rébellion s’étant propagée dans les campagnes. D’ailleurs le père Armand David tenait beaucoup à visiter l’Ourato, un massif de montagnes de la Mongolie dont on lui disait merveille[1]. En Asie comme en Europe, lorsqu’on semble rechercher les beautés de la nature, les gens ignorans ne manquent jamais d’affirmer qu’il faut aller plus loin, si l’on veut être satisfait. Le pays éloigné, c’est plus ou moins l’inconnu, et l’inconnu ouvre la carrière à l’imagination, toujours prompte à grossir ou à embellir les objets. À Pékin même, il était impossible de se procurer des renseignemens exacts sur un territoire situé à la distance de 200 lieues. Les Chinois ne comprennent pas les plaisirs du touriste ; ils regardent avec une égale indifférence les sites les plus monotones et les paysages les plus gracieux, et ils ne prennent pas le moindre souci des productions naturelles. Si plusieurs centaines de plantes et quelques animaux se trouvent

  1. Voyez la Revue du 15 février.