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L’ORGANISATION


DE LA JUSTICE


DANS L’ANTIQUITÉ ET LES TEMPS MODERNES




II.

LA JUSTICE DANS LA SOCIÉTÉ FÉODALE




V. — de la justice chez les anciens germains.

On a vu comment des sociétés fort intelligentes, fort habiles, celles d’Athènes et de Rome, qui avaient poussé très loin l’art du gouvernement, avaient compris la justice[1]. Nous avons montré qu’elles l’avaient dénaturée et détournée de sa vraie fin en la subordonnant à l’intérêt politique, en faisant plus souvent d’elle un moyen de gouvernement qu’une garantie du droit. Il n’est peut-être pas inutile d’observer à son tour une société presque barbare, la vieille Germanie, et de chercher quelle idée elle s’est faite de la justice, quelle organisation judiciaire elle s’est donnée.

Nous ne devons assurément pas nous représenter les anciens Germains comme l’idéal et le modèle des sociétés ; Tacite lui-même a vu et signalé chez eux plus d’une imperfection. Se les figurer comme des populations absolument dans l’enfance, vivant encore de la vie sauvage, serait une autre erreur. Ces peuples, qui appartenaient à la même race que les Latins et les Grecs, qui étaient

  1. Voyez la Revue du 15 février.