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Werder, qui opérait dans l’est, — le 13e corps, sous le commandement du grand-duc de Mecklembourg, qui avait fait le siège de Soissons et détaché des colonnes volantes de divers côtés, — le 1er corps bavarois de von der Thann, cantonné à Orléans, la division de cavalerie du prince Albrecht, la division d’infanterie Wittich et quelques autres détachemens de moindre importance. Ces forces pouvaient être triplées par l’adjonction des troupes de Frédéric-Charles. Voici quel est l’emploi que les Allemands firent de leur armée de Metz. L’armée d’investissement de Metz était composée de six corps, dont deux constituaient l’armée primitive de Steinmetz et les quatre autres appartenaient à l’armée de Frédéric-Charles, Après la capitulation, les deux corps qui avaient formé l’armée de Steinmetz, c’est-à-dire les 7e et 8e, furent de nouveau fondus en une seule armée, sous le commandement de Manteuffel : ils durent se porter à travers l’Argonne par Reims, Soissons et Compiègne sur Amiens et Rouen ; c’était un effectif d’environ 60,000 hommes. Parmi les quatre corps qui restaient, un, le 2e, dut être dirigé sur Paris : c’étaient environ 30,000 hommes. Les trois autres, formant de 90,000 à 100,000 hommes, devaient rester sous le commandement de Frédéric-Charles et opérer sur le centre et le midi de la France. Ils descendirent, en effet par Troyes, Sens, Joigny, Tonnerre. L’opinion la plus raisonnable les destinait à marcher sur Nevers et Bourges, et à prendre de flanc nos forces de la Loire, tout en jetant la terreur dans nos provinces les plus centrales. Ce plan fut prévenu par un véritable coup de théâtre.

Après l’évacuation d’Orléans, la petite armée du général de La Motterouge, connue sous le nom de 15e corps, s’était retirée sur la rive gauche de la Loire. Elle y avait pu rejoindre le contingent qui était en formation à Bourges. Le général de Paladines, mis à la tête de ces forces réunies, avait introduit une discipline de fer dans ces troupes mal dressées. Des exécutions quotidiennes, implacables, réfléchies, en avaient transformé la physionomie. On avait fait en même temps de grands efforts pour les pourvoir d’artillerie. Au moment où l’on apprit la reddition de Metz, ces forces étaient déjà presque en mesure d’entrer en campagne. Elles avaient passé sur la rive gauche, et, massées pour la plus grande partie derrière la forêt de Marchenoir elles allaient se précipiter sur Orléans. Le général von der Thann, qui occupait cette ville avec le 1er corps bavarois, finit par concevoir des appréhensions. Dans les journées des 6, 7 et 8 novembre, il y avait eu des escarmouches, dans lesquelles se distinguèrent surtout les francs-tireurs de Cathelineau. La journée du 7 à Saint-Laurent-des-Bois, qui avait été le premier succès sérieux de l’armée de la Loire, justifia les alarmes, de von der Thann. À peine eut-il le temps de se remettre qu’il fut violem-