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ration qu’elles exciteraient les femmes du pays à partager notre foi et à croire en nos sacremens. Ne pourrait-on même pas donner aux chefs sarrasins quelques-unes de ces femmes habiles et sages, et de la sorte les amener à la foi chrétienne ? Les femmes d’Orient se prêteraient peut-être au changement. En effet, ces Sarrasins, tous riches et puissans, mènent une vie molle et voluptueuse au préjudice de leurs femmes. Au lieu d’être sept épouses ou même plus pour un seul mari, elles aimeraient bien mieux être l’épouse unique. « J’ai entendu dire à des marchands qui fréquentent ces parages que les femmes des Sarrasins embrasseraient très volontiers notre foi, afin que chaque homme ne possédât plus qu’une seule femme. » À la suite de ces communications avec l’Orient, de ce passage continuel de personnes instruites aux pays d’outre-mer, les peuples d’Occident pourraient acquérir à des prix modérés quantité de choses précieuses qui, abondantes là-bas, manquent ici. Le chef de la terre-sainte, désormais à l’abri des incursions de l’ennemi, nous expédierait sur ses vaisseaux les fruits du pays, où de notre côté nous transporterions les produits de l’Occident. Le pape, les cardinaux, les grands prélats., les rois et les princes des endroits où seront établies les écoles, enfin les abbayes dont les biens auront contribué à fonder ces écoles, pourraient acquérir presque pour rien, grâce aux élèves reconnaissans, toutes les choses rares et précieuses de l’Orient.

L’auteur expose ensuite en détail son système d’instruction publique. Chaque collège contiendra au plus cent élèves, ayant de bonnes têtes bien faites. On les exercera d’abord à la lecture du psautier, puis au chant, et le reste du temps à l’étude de Donat (in Donato more romano confecto) et de la grammaire. Quand l’enfant expliquera le livre de Caton et les autres petits auteurs, il aura quatre grandes leçons par jour. Les élèves s’accoutumeront à parler latin en tous lieux et en tout temps. Après les petits auteurs, on commencera la Bible mise à la portée des enfans, à trois ou quatre leçons par jour. Ensuite on étudiera le graduel, le bréviaire, le missel, la Légende dorée des saints, de courts extraits en prose des historiens, des poètes. En travaillant ainsi sans relâche toute l’année, les enfans qui auront des dispositions favorables pourront, avec l’aide de Dieu, avoir parcouru ce cercle d’études à dix ou onze ans, d’autres à douze. En outre, selon que les maîtres le jugeront à propos, les enfans pourront apprendre le Doctrinal (d’Alexandre de Viliedieu) pour ce qui concerne la déclinaison des noms et la conjugaison des verbes, et le Grœcismus (d’Evrard de Béthune).

Les enfans iront ensuite dans une autre école commencer leur logique, pour laquelle ils se serviront des petites sommes qui existent déjà ; ils attaqueront en même temps l’étude du grec, de l’a-