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le tableau d’une région dont les divers aspects n’ont point encore été décrits.

Comme l’apprennent les cartes et les dictionnaires de géographie, Pékin se trouve par le 40e degré de latitude septentrionale (39° 54′ 13″). C’est à peu près la latitude de Smyrne, de Naples, de Cagliari, de Valence en Espagne, de Lisbonne ; mais le climat des plaines du Pe-tche-li est tout différent de celui de l’Europe méridionale. Durant quatre ou cinq mois de l’année, la terre reste gelée, et il n’est pas rare de voir le thermomètre descendre à 18 ou 20 degrés au-dessous de zéro, Comme l’air est ordinairement calme, on ne souffre pas autant du froid qu’on pourrait le croire en France ; il neige peu, et le ciel demeure pur presque tant l’hiver. Le printemps et l’automne sont de belles saisons dont les limites offrent une fixité inconnue en Occident. Parfois néanmoins il y a dans le mois d’avril de terribles ouragans, des orages de poussière, comme on appelle dans le pays ces tempêtes redoutables. Le père A. David a été témoin d’une tourmente de ce genre : pendant deux ou trois jours, le soleil fut complètement obscurci par la poussière, surtout du côté de Tien-tsing et de Takou, et cette poussière, poussée par un vent impétueux, alla si loin en mer qu’un navire à vapeur se trouva dans la nécessité de suspendre sa marche plus de vingt-quatre heures. L’été est très chaud dans les plaines du Pe-tche-li ; le thermomètre monte souvent jusqu’à 40°. Les pluies ne sont pas fréquentes ; elles ne viennent en général que vers la fin de l’été, à la suite d’orages, et ne suffisent pas d’ordinaire aux besoins de l’agriculture. Autrefois, assurent des livres chinois et rapportent également des missionnaires dans les Lettres édifiantes, il pleuvait beaucoup dans le nord de la Chine, et le peuple vivait dans la crainte des inondations. Si l’on en croit la tradition, le pays était très boisé, quand sur l’ordre d’un empereur on abattit toutes les forêts ; aussitôt un grand changement s’opéra dans le climat. Aujourd’hui la sécheresse très persistante n’est interrompue en été que par quelques orages, et la régularité des saisons est proverbiale à Pékin. On dit que le vent souffle du nord en hiver, de l’est au printemps, du sud en été et de l’ouest en automne. Les grands froids commencent presque sans transition en novembre, mais les fleuves et la mer ne sont pris par les glaces qu’en décembre, et le dégel arrive en mars.

Tout est triste et monotone aux environs de Pékin : c’est la plaine immense sans horizon, le terrain uni et découvert. Nulle part on aperçoit une haie, une broussaille, un bois ; on ne découvre des arbres qu’au milieu des habitations et autour des tombeaux. Les villes, les villages, les hameaux, répandus à profusion dans la plaine, n’égaient nullement le paysage. Ce sont des groupes irréguliers de maisons basses n’ayant qu’un rez-de-chaussée et or-