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convention a-t-elle produit les effets qu’on en attendait ? Nous pouvons en juger par nos propres yeux, mais résumons d’abord l’œuvre des comités de secours placés sous la protection du drapeau qu’elle a déployé.

À partir de 1863, ces comités ont pris dans tous les pays une extension vraiment admirable. En Prusse, le prince Henri XIII de Reuss, chef de l’ordre de Saint-Jean, partagé en branche protestante et branche catholique, établit le 6 février 1864 un comité central. Secondé par 85 comités dès la première année, le comité de Berlin envoya des délégués pour fonder des ambulances pendant la guerre de Danemark, sous la direction du comte Everard de Stolberg-Wernigerade, aidé par les diacres et les diaconesses évangéliques et les frères catholiques de la Miséricorde, Il y avait 120 comités et peu d’argent au commencement de la guerre de 1866. Le roi nomma le comte de Stolberg commissaire royal de l’assistance volontaire aux malades ; l’ordre de Saint-Jean et le comité central lui donnèrent pleins pouvoirs. Un comité de dames s’organisa sous la direction de la comtesse Louise d’Itzenplitz. De nombreuses sociétés libres rivalisèrent de zèle. On estime à plus de 4 millions de thalers les ressources qui furent mises, sous toutes les formes, à la disposition des blessés, sans parler des fondations pour les invalides, les veuves et les orphelins. À la même époque, en Autriche, des sociétés provisoires formées pour les guerres d’Italie et du Danemark, puis dissoutes, étaient remplacées par une société permanente présidée par l’archiduc Albert, et cette société a secouru les blessés pendant toute la campagne de 1866, avec le concours de nombreuses associations locales et des chevaliers de l’ordre teutonique. La Société des dames badoises, la Société bavaroise de secours aux militaires, les sociétés de Brème, Hambourg, Cassel, la société des dames saxonnes, qui a pris le nom de Société Albert, méritent une mention spéciale à côté de la société de Suède, de la société des Pays-Bas, fondée par le roi Guillaume III en 1868, des sociétés d’Italie, de Suisse et d’Espagne, et de la société russe fondée en 1867 par la grande-duchesse Hélène, et qui compte déjà 8,000 membres. Il y a même une société à Constantinople sous la présidence de l’inspecteur-général du service de santé militaire, Marco-Pacha. Le monde chrétien connaît et admire le nom de miss Florence Nightingale, et rattache à ce nom les merveilles accomplies par le corps médical et par les sociétés libres de l’Angleterre après les rudes leçons du commencement de la campagne de Crimée. Enfin on a lu le récit de M. Édouard Laboulaye[1], racontant, en face des

  1. Voyez la Revue du 15 décembre 1869.