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LA
RÉUNION DE L’ALSACE
À LA FRANCE

I.

Depuis plus de trois mois, l’Alsace est occupée, saccagée, bombardée par un ennemi tel qu’elle n’en vit point depuis les ravageurs de la guerre de trente ans. L’Alsace n’en résiste pas moins avec une constance calme, inébranlable, à l’odieuse invasion dont la France est le théâtre, et qui émeut à si juste titre le monde civilisé. C’est que l’Alsace est française, et qu’elle partage la résolution de la mère-patrie dans cette crise suprême où il s’agit non plus seulement, pour un peuple, de la défense de son territoire, mais encore de l’honneur de sa race et de son nom devant l’histoire et la postérité. Ce n’est point d’aujourd’hui que l’Alsace nous donne l’exemple du dévoûment et le gage d’une participation complète au sort de la France. La fidélité au pays fut, en d’autres temps difficiles, la loi inviolable de cette noble province, loi sacrée à laquelle on se refuse de croire que puissent faillir des cœurs bien nés, mais dont l’exacte observation ne mérite pas moins la reconnaissance publique. Ne dites donc plus : « Notre Alsace ! » L’Alsace nous appartient par droit de famille, par le lien de l’affection, par la communauté des destinées ; elle nous appartient aussi par la loi du sol et par la foi des traités. La réunion de l’Alsace à la France, vers le milieu du XVIIe siècle, ne fut pas une conquête, elle fut le rétablissement d’un ancien ordre de choses interrompu par les révolutions du moyen âge, et l’on verra de quel assentiment fut accompagnée cette restitution de l’ordre naturel de la géographie