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vernis s’applique non au pinceau, mais au moyen d’un tampon, afin de boucher tous les pores de l’étoffe. Il est indispensable d’appliquer deux ou trois couches. Bien que cela ne se fasse pas toujours, il serait bon de vernir le dedans et le dehors de l’aérostat ; c’est généralement le dehors seul qu’on vernit.

Avec le calicot, les deux principales substances qu’on peut employer dans la confection des ballons sont : la soie, étoffe homogène, très résistante, qui n’a que le défaut d’être trop chère, et la baudruche, qui est très légère, très imperméable, mais peu résistante, et qu’on s’accorde universellement à rejeter pour les ballons d’un certain volume, comme ceux dont on fait maintenant le plus grand usage. Un ingénieur, M. Giffard, a proposé, en 1867, pour la confection des ballons, une double enveloppe composée de deux pièces de coutil séparées entre elles par une feuille de caoutchouc. Au moyen d’une forte compression, ces trois tissus n’en faisaient plus qu’un. M. Giffard arrivait de la sorte à une imperméabilité presque absolue ; mais il avait une enveloppe d’un certain poids. Les personnes qui ont visité l’exposition universelle de 1867 à Paris ont vu fonctionner le ballon captif de M. Giffard au Champ de Mars, vers la fin de l’exposition. Un aéronaute, Dupuis-Delcourt, avait proposé comme enveloppe de ballon une feuille métallique très fine, en cuivre par exemple, qui eût réalisé une imperméabilité parfaite, et avec laquelle on aurait pour ainsi dire indéfiniment voyagé. Divers incidens empêchèrent M. Dupuis-Delcourt de donner suite à cette curieuse idée.

Les deux ateliers où se confectionnent en ce moment les ballons qui partent de Paris sont situés à la gare du Nord et à celle d’Orléans. Le premier est sous la direction de MM. Yon et Dartois, bien connus du monde aérostatique ; le second est conduit par les trois frères Godard, qui continuent, dans l’art de l’aérostation, une sorte de dynastie. L’un et l’autre atelier fonctionnent sous la surveillance de l’administration des postes, qui a requis ce service pour les besoins de la défense. À la gare du Nord, on emploie pour les ballons le calicot blanc ; à celle d’Orléans, le calicot coloré. Les deux étoffes sont également avantageuses. Le dessin géométrique de l’aérostat est tracé de grandeur naturelle, sur un plan horizontal, d’après les principes en usage dans la construction des sphères employées pour l’enseignement de la géographie. On découpe sur le dessin chaque côte ou fuseau du ballon, et les côtes sont soigneusement cousues au moyen de machines à la gare du Nord, à la main à la gare d’Orléans. Chacun des constructeurs a de bonnes raisons pour défendre sa méthode : une plus grande promptitude de l’opération et beaucoup moins de main-d’œuvre dans le premier cas, — une plus