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l’armement des côtes. Du reste ces deux dernières opérations touchaient à leur fin, et sir Ward Hunt exprima l’espoir que, dès qu’elles seraient terminées, les dépenses pourraient rentrer dans la voie descendante ; il fallait néanmoins faire face aux 73 millions de liv. nécessaires pour 1868, et comme d’un côté les produits ordinaires ne pouvaient procurer cette somme, que de l’autre parlement et gouvernement étaient résolus à ne pas s’adresser au crédit, le chancelier de l’échiquier proposa de porter à 6 les deniers de l’income-tax. « On ne nous reprochera pas, dit-il, de vouloir rejeter sur l’avenir le fardeau de la guerre que nous soutenons en ce moment. La question pour mous était seulement de savoir s’il fallait faire supporter ce fardeau à la fois par l’impôt direct et par l’impôt indirect ; mais nous avons bien vite reconnu que, pour subvenir à des besoins purement accidentels, il y aurait de graves inconvéniens à jeter deux fois le trouble dans les transactions commerciales, une première fois en aggravant les taxes sur les articles de consommation, une seconde fois en les ramenant à leur ancien taux, et nous nous sommes décidés pour l’impôt direct. » Cette considération si sensée détermina le vote du parlement : quelle que fût sa répugnance à élever l’income-tax, il accepta la proposition de le porter à 6 deniers, mais pour 1868 seulement, et le budget fut voté en recettes à 73,150,000.liv. st. Et en dépenses à 73 millions de livres. Ces dernières toutefois restèrent inférieures de 100,000 liv. st. aux prévisions, tandis que les recettes, à raison de circonstances exceptionnelles qui diminuèrent le revenu de l’excise, n’atteignirent que 72,600,000 liv. st., et ce fut encore la balance au profit du trésor à la Banque qui servit à couvrir le déficit de 300,000 liv. st.

Sur ces entrefaites, le ministère Disraeli avait dû se retirer devant un vote de la chambre des communes relatif aux réformes à introduire dans l’église d’Irlande, et le nouveau cabinet constitué sous la direction de M. Gladstone avait pour chancelier de l’échiquier M. Lowe. Les travaux d’armement étant à peu près terminés, une réduction considérable devenait possible en 1869 sur les services de la marine et de l’armée, et il ne fut demandé pour les services ordinaires de cet exercice que 68,200,000 liv. st. ; mais ce n’était pas tout. Restaient à solder les frais de l’expédition d’Abyssinie, qui avait coûté en total 8,600,000 liv. ; 5 millions avaient été déjà payés, soit 4 millions avec les ressources que nous avons dites, 1 million au moyen de billets de l’échiquier, et, ce million étant remboursable à bref délai, la dette à éteindre était de 4,600,000 liv. st., qui, ajoutées aux 68,200,000 liv. demandées pour les services ordinaires, portaient la somme des besoins de 1869 à 72,800,000 livres. Cette somme pouvait, à la rigueur être couverte par le montant des produits ordinaires, calculés approximativement sur ceux de 1868 et