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ils rentrèrent par les besoins extraordinaires des exercices qui suivirent.

De nouvelles économies et de nouveaux accroissemens de recettes portèrent l’excédant des ressources de 1850 à 3,100,000 liv. sterl., somme dont la majeure partie fut encore prêtée à l’agriculture, et, en faisant connaître ces heureux résultats au parlement, sir Charles Wood ne lui dissimula pas qu’il serait peu prudent d’en espérer de semblables pour l’exercice suivant. Il évaluait les dépenses probables de 1851 à 50,200,000 liv. st., les recettes à 52,100,000 liv. sterl. Seulement, dans ce dernier chiffre, il faisait entrer le produit de l’income-tax, maintenu encore à 7 deniers, car, si cet impôt, qui expirait au 1er avril, n’était pas conservé, l’excédant des ressources de 1,900,000 liv. st. se convertirait en un déficit de 3,500,000 liv. sterl. Sir Charles Wood demanda donc le renouvellement de l’income-tax, et cette fois sans lui fixer de terme, parce que, dit-il, avant qu’il pût être question d’y toucher, plusieurs autres taxes devaient être supprimées ou réduites. Parmi ces taxes, il mettait au premier rang celle des fenêtres, taxe fort impopulaire, dont le produit était de 1,800,000 liv. sterl., et qu’il proposait de remplacer par un impôt sur les maisons habitées d’un revenu probable de 1,100,000 liv. sterl. Il était également d’avis de réduire les droits sur le bois étranger et sur le café, et l’adoption de ces diverses mesures devait ramener l’excédant prévu des ressources à 600,000 livres sterling.

La situation du cabinet whig était à cette époque des plus précaires. Les radicaux lui reprochaient de ne pas entrer résolument dans la voie des réformes politiques. Les peelites étaient en désaccord avec lui sur la question des titres ecclésiastiques conférés en Angleterre par le pape, — question qui passionnait vivement les esprits. Le parti conservateur avait gagné des forces, et, si lord John Russell et ses collègues se maintenaient encore au pouvoir, ils ne le devaient qu’au défaut d’entente de leurs adversaires. Les peelites surtout ne voulaient rien faire qui pût contribuer à l’avènement d’un ministère conservateur dont les tendances eussent été de rétablir au moins en partie l’ancienne législation sur les grains, et de modifier le système économique adopté depuis dix ans. « Serrons nos rangs contre toute réaction de ce genre, » avait dit sir James Graham, alors leur chef, et ces paroles étaient devenues le mot d’ordre de tout le groupe. C’était donc sur les défiances et les antipathies réciproques des diverses fractions de l’opposition que sir Charles Wood devait compter pour assurer le succès de son plan ; mais les attaques n’en vinrent pas moins de toutes parts, et la lutte fut des plus vives.

M. Herries dans la chambre des communes et lord Derby dans