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livres sterling les dépenses annuelles de l’armée et de la marine, puis une suite de mauvaises récoltes, l’agitation chartiste, une crise commerciale et industrielle des plus graves, qui, en ralentissant la consommation des objets soumis aux droits d’excisé et de douane, avaient diminué les produits de ces deux grandes branches de revenu ; enfin la réforme postale, excellente sans doute en principe, mais inopportune à raison des embarras financiers au milieu desquels elle avait été faite. De 1837 à 1840, l’insuffisance de ressources avait été de 5,170,000 liv.. st. ; elle devait être de 2,420,000 liv. st. pour 1841, et la somme des découverts allait ainsi atteindre 7,583,000 liv. st., lorsqu’à la fin de cette dernière année le cabinet whig de lord Melbourne, mis en minorité par un vote de parlement, dut céder la direction des affaires à un ministère conservateur dont le chef fut sir Robert Peel. Le cabinet démissionnaire n’avait pas eu seulement le tort grave de concéder au parti radical la réforme postale, il avait fait preuve d’une fâcheuse indécision dans le choix des mesures prises pour améliorer la situation financière. Il avait commencé par augmenter de 5 pour 100 tous les droits de douane et d’excisé, déjà trop élevés, et cette surtaxe, au lieu des 1,900,000 liv. sterl. qu’on en attendait, n’avait donné que 200,000 liv. sterl. Renonçant alors à la conserver, le cabinet whig avait voulu essayer d’un procédé contraire, et plusieurs droits avaient été réduits dans la conviction qu’un accroissement de consommation en amènerait un autre dans le revenu ; mais les réformes de ce genre ne sauraient produire aussitôt un pareil résultat, et la conséquence immédiate de la réduction effectuée avait été une diminution regrettable de recettes. Les prévisions les plus sagement établies ne permettaient pas de fixer les dépenses de 1842 à moins de 50,800,000 livres sterling, ni d’évaluer le chiffre des recettes à plus de 48,350,000 liv. sterl. ; un nouveau déficit de 2 millions 1/2 de livres sterling était donc probable, et il importait d’arrêter au plus tôt un mal qui allait toujours en s’aggravant. Nul homme n’était plus propre que Robert Peel à y porter un remède énergique, et son arrivée au pouvoir fut accueillie par un sentiment général de confiance.

Il ne fallait pas songer à réduire les dépenses de 1842, fixées au chiffre de 50,800,000 livres sterling et calculées d’après les besoins rigoureux des services ; il ne fallait pas songer davantage à augmenter les ressources de l’exercice soit au moyen d’une aggravation des droits d’excisé et de douane, déjà portés au maximum, ainsi que l’avait prouvé l’expérience faite par le précédent chancelier de l’échiquier M. Baring, soit par la réduction de ces droits, mesure dont le bon effet, quelque prochain qu’il pût être, devait cependant se faire attendre. Robert Peel ne voulait pas non plus recourir à une