Page:Revue des Deux Mondes - 1870 - tome 90.djvu/261

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

appelaient Dieu à leur aide et l’Allemagne aux armes. Henri II de son côté, après avoir porté au parlement des édits pour de nouveaux impôts, nécessaires au soutien de la guerre, publia un manifeste en langue latine, dans lequel, exposant tout ce qu’il avait fait depuis son avènement à la couronne pour assurer la sécurité du royaume et la tranquillité publique, il se plaignait des sourdes menées de l’empereur en Guienne, en Italie, en Lorraine, et de sa constante hostilité, qui se produisait partout. « De plus, disait-il, les princes d’Allemagne m’ont fait des plaintes bien fondées, et m’ont conjuré, par l’ancienne amitié qui règne entre nous, de ne pas leur manquer dans une occasion où il s’agit de la cause commune, et de nous opposer avec eux à l’oppression de la liberté publique, car il n’est que trop vrai que l’empereur, sous prétexte d’apaiser les troubles religieux, de faire la guerre aux Turcs et de réprimer la révolte, ne tend qu’à ruiner la liberté du corps germanique, à fomenter la discorde et les factions, à épuiser l’Allemagne, afin de fondre ensuite sur la France et de parvenir à cette monarchie universelle de l’Europe, qui est l’objet déclaré de son ambition… Qui ne serait touché de voir les pays de Hesse et de Wurtemberg indignement ravagés par des Espagnols, l’électeur de Saxe et le landgrave Philippe odieusement retenus prisonniers contre la foi jurée, et le tribunal aulique de Spire porter partout la terreur et la mort ? Or, de peur que la postérité n’accuse les princes d’avoir lâchement souffert qu’on opprimât l’ancienne liberté de leur pays, ils se sont ligués avec moi, et, renouvelant l’ancienne alliance des deux nations, ils ont résolu de s’armer courageusement pour le salut de leur patrie… Je me suis joint aux princes d’Allemagne pour entreprendre une guerre non-seulement juste, mais nécessaire. Je prends Dieu à témoin que tout le fruit que j’en attends, c’est de remettre l’Allemagne dans son ancienne dignité, de garantir sa liberté, de délivrer Jean-Frédéric de Saxe et le landgrave de Hesse de leur longue et injuste captivité, et de donner par là un illustre témoignage des égards que j’ai pour l’ancienne union qui est entre les rois de France et les princes d’Allemagne, et j’engage ma parole royale que je ferai tous mes efforts pour empêcher que l’innocent ne soit confondu avec le coupable. »

La guerre étant ainsi déclarée, l’alliance royale avec les princes allemands étant proclamée, Henri II entra en campagne dès les premiers jours du printemps 1552, et se présenta devant Toul, qui lui ouvrit ses portes avec des témoignages de joie non équivoques, pendant que le connétable de Montmorency se présentait à Metz, dont les ponts-levis s’abaissèrent aussi sans difficulté devant le lieutenant du roi de France malgré la mauvaise humeur d’un faible