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« qu’on trouverait bon que ledit seigneur roi s’impatronisât, le plus tôt qu’il pourrait, des villes qui appartiennent d’ancienneté à l’empire, et qui ne sont de la langue germanique, savoir de Cambrai, Toul, Metz et Verdun et autres semblables, et qu’il les gardât comme vicaire de l’empire, auquel titre les princes sont prêts à le promouvoir à l’avenir. » Enfin, après d’autres stipulations conçues dans le même esprit, l’acte est clos par cette conclusion : « Et attendu que le roi très chrétien se porte envers nous Allemands, en cette affaire, avec secours et aide, non-seulement comme ami, mais comme père charitable, nous en aurons tout le temps de notre vie, souvenance. Et si Dieu veut favoriser nos affaires, de tout notre pouvoir le porterons et favoriserons au recouvrement de ses seigneuries patrimoniales qui lui sont occupées ; aussi, à l’élection de l’empereur et chef chrétien futur, nous y tiendrons telle mesure qu’il plaira à sa majesté, et n’en élirons point qui ne soit ami de sa majesté, et qui ne veuille continuer en bon voisinage avec elle, et qui ne s’oblige suffisamment à ce faire. Et quand lors la commodité dudit seigneur serait de vouloir accepter une telle charge, nous l’aimerons mieux qu’un autre. »

Henri II était représenté au traité par Jean du Fresne, évêque de Bayonne, que les historiens allemands ont appelé Fraxinus, de son nom latinisé. Le roi donna sa ratification à Chambord le 15 octobre 1551 ; les princes avaient signé à Friedewald le 5 du même mois : c’étaient le landgrave Guillaume de Hesse, le duc Jean-Albert de Mecklembourg, les deux marquis de Brandebourg, Maurice duc de Saxe, agissant pour eux et leurs confédérés. Le traité fut couvert d’un grand mystère, pour donner le temps à chaque intéressé de prendre ses mesures et de préparer ses armemens[1] ; mais Henri II et l’empereur avaient déjà commencé les hostilités en Italie, où le pape prit le parti de Charles V. Au commencement de 1552 seulement, la guerre éclata en Allemagne. Maurice de Saxe publia un manifeste dans lequel il exposa que, malgré la parole que l’empereur avait donnée, ce dernier s’obstinait à retenir les princes de Saxe et de Hesse dans une rigoureuse captivité ; qu’il attentait sans cesse aux libertés du corps germanique, et qu’il transgressait journellement sa capitulation électorale. Pour tous ces griefs, les princes

  1. On ne garda point le même secret relativement à un traité de commerce conclu avec ces villes maritimes dont Charles-Quint se plaignait si amèrement à M. de Marillac. Les négociations se poursuivaient en même temps que celles des princes ; mais les signatures ne furent données que le 20 janvier 1552. Les plus grands avantages, une sorte de monopole commercial, y étaient assurés aux villes libres et commerçantes de la nation et hanse teutoniques, qui en ont joui jusqu’au règne d’Henri IV. Voyez Dumont, loc.,cit., p. 53, et Sartorius, Gesch. D. hanseat. Bundes, t. IV.