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créer un marais, il ne faut pas moins de trois ans. N’était-il pas plus simple de songer à tirer un bon parti des cultures établies de longue date et savamment aménagées entre les remparts et les forts ? Pourquoi ne pas veiller à ce que ces cultures soient entretenues sans dommage jusqu’au moment où l’on serait forcé de les abandonner ? Et ce moment n’arriverait qu’après la prise, espérons-le, peu probable, de nos forts. Beaucoup de mal a été fait pendant le mois qui vient de s’écouler ; ce mal est encore réparable, mais à la condition d’une surveillance rigoureuse. Nous constatons avec plaisir que le gouvernement y songe dans ce moment même. L’instruction du général Trochu en date du 22 octobre, sur les marches militaires de la garde nationale, établit que l’un des objets de ces exercices sera de constituer un service de surveillance et d’ordre dans la banlieue. D’autre part, un ordre exécutoire à partir du 27 octobre porte qu’un certificat sera demandé aux personnes qui désormais voudront introduire dans Paris des objets mobiliers ou des denrées. C’est beaucoup, mais cela ne suffit pas encore. Il faudrait, à côté des marches militaires, qui ne peuvent avoir dans la pratique le caractère de rondes de police, il faudrait de fréquentes patrouilles composées seulement d’un petit nombre d’hommes que fourniraient les postes de garde aux remparts, et qui plusieurs fois dans la journée parcourraient la zone dont on doit assurer la protection. Il faudrait aussi (et ce serait le mieux sans doute dans la phase du siège que nous traversons maintenant) qu’il fût interdit en principe de franchir l’enceinte des murs, hormis pour les besoins de la défense. Ainsi cesserait un gaspillage qui dure depuis trop longtemps, et ainsi serait résolue une question d’approvisionnement dont plus tard peut-être on sentira cruellement l’importance.


EUGÈNE HÉBERT.


ESSAIS ET NOTICES

La Table de Peutinger d’après l’original conservé à Vienne, par Ernest Desjardins, in-folio ; Hachette, 1870.


M. Ernest Desjardins, par toute une série d’importantes publications pendant ces dix dernières années, s’est assuré un rang très distingué parmi les archéologues érudits. Son volume sur la topographie de