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jeunes chevaux dans le pays chartrain et dans quelques parties de la Normandie, est en effet le meilleur cheval de diligence connu. De même qu’en Bretagne, les contrées du centre et de la Normandie qui produisent le cheval d’artillerie livrent aussi au commerce de forts chevaux de camion. Il n’existe pas de chevaux plus puissans que les limoniers élevés dans les départemens d’Eure-et-Loir et de l’Eure. Attelés à des voitures chargées de blocs de pierre pesant quelquefois plus de 25,000 kilogrammes, ces chevaux ont a faire des efforts inouïs ; ce sont des phénomènes de force, d’adresse et d’intelligence. On s’oublie à les admirer quand, au milieu d’un chantier, attelés seuls à d’énormes charges, ils les font manœuvrer presque avec aisance à la voix de leur conducteur. Les jumens percheronnes, qui ont dans l’avant-main plus de finesse que les mâles, sont recherchées pour le service des voitures de demi-lune ; elles le seraient beaucoup plus, si elles étaient à robe baie ou noire. Le prix élevé des beaux chevaux percherons les exclut des remontes de l’armée : le premier choix se vend 1,200, 1,400 francs, et nous ne parlons pas des étalons, qui trouvent facilement des acheteurs à 2,500 ou 3,000 francs. Le second choix est payé de 900 à 1,000 francs. L’artillerie et le train des équipages, qui en temps ordinaires, quand il n’y a pas à faire de remontes exceptionnelles, ne paient que 550 ou 600 francs, ne peuvent avoir que les sujets inférieurs de cette race : ils sont achetés par le dépôt de remonte d’Alençon.

Une troisième race française fournit d’excellens chevaux d’artillerie : c’est la race ardennaise. Les chevaux ardennais ont de tout temps été renommés pour leur force, leur sobriété, leur vigueur et leur rusticité. Il n’y a pas de centre particulier de production dans le département dont ils portent le nom. Rappelons enfin que l’Alsace, la Lorraine, la Franche-Comté, la Dombes, le pays de Caux, le Poitou, la Charente, contribuent aussi à remonter l’armée en chevaux de trait léger. Les dépôts de remonte de Villers, de Sampigny, de Favernay, de Mâcon, du Bec-Hélouin, de Saint-Maixent, de Fontenay-le-Comte, de Saint-Jean-d’Angely, achètent les chevaux de groupe produits dans ces diverses provinces.

Une précieuse ressource que possède la France pour le service de l’artillerie et du train des équipages, ce sont les mulets. Aucun pays ne peut rivaliser avec elle pour la production de ces animaux, aussi remarquables par leur force et leur vigueur que par leur excessive sobriété et leur aptitude à travailler, à porter de lourds fardeaux dans les chemins les plus escarpés. Il y a en France quatre grands centres de production mulassière. Le plus connu se trouve dans le département des Deux-Sèvres (arrondissement de Niort) et dans les départemens qui l’environnent ; les mulets qu’on y produit sont remarquables par leur taille élevée et leur forte